SAirGroup envoie Paul Reutlinger sur le front français
Paul Reutlinger, le patron de Sabena, prendra dès le mois prochain la direction des compagnies françaises du giron de SAirGroup: AOM, Air Littoral et Air Liberté. Mais le Suisse doit encore convaincre les syndicats.
A la fin de l’année dernière, Paul Reutlinger avait fait régner le suspense. Il allait quitter la direction opérationnelle de Sabena, mais il garderait un pied dans la compagnie belge. On aurait pu imaginer une fin de carrière plus tranquille pour l’homme qui a sorti Sabena des chiffres rouges. C’était compter sans son sens du défi. Et SAirGroup aura bien besoin de tout son doigté pour assurer la fusion des trois compagnies françaises.
Car le rapprochement, pour l’heure, est surtout syndical. A la fin de la semaine dernière, le personnel d’Air Littoral, Air Liberté et AOM s’est mis en grève durant 48 heures, provoquant l’annulation de nombreux vols. Les syndicats craignent des coupes claires au niveau de l’emploi. Ils savent que les trois compagnies ont cumulé l’an dernier un déficit de plus de 120 millions de dollars. Or SAirGroup veut créer une compagnie «viable et profitable».
La situation ressemble fort à celle qu’avait dû affronter Paul Reutlinger lors de son arrivée à la tête de Sabena, en 1996. Après les grèves il avait su rétablir le dialogue avec les syndicats et mener à bien une restructuration très vigoureuse qui a permis à Sabena de renouer avec le bénéfice en 1998. Aujourd’hui Sabena se prépare à devenir helvétique, propriété de SAirGroup à 85 pour cent.
Peut-on s’attendre, en France, au même scénario? «Paul Reutlinger est un homme qui connaît le transport aérien. On peut espérer qu’il écoutera ce que dit le personnel des compagnies aériennes» a déclaré à l’ATS Hervé Alexandre, le secrétaire général de l’Union fédérale des aériens CFDT. Qui ajoute: «Nous attendons surtout des propositions de sa part.»
De Bruxelles à Paris, Paul Reutlinger emportera dans ses valises le concept Airline Management Partnership, regroupement des services de Swissair et Sabena. Il compte bien l’appliquer aux compagnies françaises. Les turbulences sont garanties.
Thierry Zweifel, Bruxelles
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