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Tamiflu: perquisition chez Roche en Corée du Sud

Le Tamiflu pourrait donner des maux de tête à Roche en Corée du Sud. Roche

Les bureaux de Roche à Séoul ont été perquisitionnés ces derniers jours par des inspecteurs du Ministère public sud-coréen. Le groupe suisse est soupçonné d'avoir fourni illégalement du Tamiflu à des multinationales dans un pays en proie à la grippe A.

L’Administration sud-coréenne des denrées alimentaires et des médicaments (Korea Food and Drug Administration) confirme vendredi que le Ministère publique sud-coréen a saisi des documents dans les locaux de la filiale sud-coréenne du groupe pharmaceutique suisse à Seoul.

Objectif: déterminer si Roche a demandé à plusieurs hôpitaux et à des distributeurs de Tamiflu de fournir à Novartis et à la banque HSBC 27’000 doses de son antiviral sans prescriptions médicales. Ou en en falsifiant certaines.

Tamiflu interdit

En Corée du Sud, il est interdit de prescrire du Tamiflu sans qu’un patient soit examiné et suivi par un médecin. Les violations sont sujettes a des peines légales et administratives.

«Novartis et la banque HSBC ont acheté beaucoup de Tamiflu pour le donner à leurs employés et leurs familles au cas où il deviendrait difficile de s’en procurer si l’épidémie de grippe porcine s’aggrave», affirme Kim Young-kyoon, l’inspecteur en chef de l’Administration des denrées alimentaires et des médicaments.

«Nous essayons de savoir pourquoi ces entreprises clientes de Roche ont stocké du Tamiflu sans laisser leurs employés se rendre dans des hôpitaux pour un examen médical.»

Niveau d’alerte relevé

Selon le journal de langue anglaise Korea Times, le Ministère public sud-coréen estime que ces entreprises étrangères ont agi dans un souci de protéger leurs employés et leurs familles. Et ce, au moment où le gouvernement sud-coréen a relevé l’alerte à la grippe porcine à son plus haut niveau. La maladie contamine, officiellement, plus de 20’000 personnes. Deux d’entre elles seraient décédées.

Pour obtenir du Tamiflu, la banque HSBC et Novartis se seraient contentés de fournir à Roche une liste de leurs employés. Ce qui est illégal. Un porte-parole de Roche à Seoul précise: «Nous avons reçu de nombreuses demandes de la part d’entreprises à propos de notre antiviral. Mais nous leur avons toujours expliqué que nous ne pouvions pas en fournir sans prescriptions médicales.»

Aucune arrestation

Le ministère public sud-coréen s’est rendu dans les bureaux de Roche à Seoul après avoir obtenu des données sur ses ventes de Tamiflu en Corée du Sud de la part de l’administration des denrées alimentaires et des médicaments.

Le ministère cherche à savoir si d’autres entreprises que Novartis et HSBC sont impliquées. Et quel rôle, précisément, Roche a joué dans cette fourniture illégale de son antiviral. Son enquête continue. Personne n’a encore été arrêté. Novartis et HSBC se refusent à tout commentaire.

La Corée du Sud dispose d’assez d’antiviraux pour soigner 11 millions de personnes ou 20% de sa population.

Georges Baumgartner, Tokyo, swissinfo.ch

Depuis la Suisse, Roche confirme à swissinfo que «sa filiale sud-coréenne a été visitée par la KFDA. Les autorités enquêtent sur les efforts de stockage pandémique d’entreprises. Roche collabore totalement avec la Corée du Sud dans ce domaine (…)».

Selon Roche, le gouvernement contrôle la conformité des efforts de stockage de nombreuses entreprises avec les lois nationales.

Corée du Sud: 49,2 millions d’habitants.

PIB (nominal en 2008): 1024 milliards de dollars US.

Treizième puissance économique mondiale.

Les investissements directs étrangers représentent 12,3% de son PIB.

Les exportations suisses en Corée du Sud ont enregistre un niveau record en 2008. Au total, la Suisse a exporté des marchandises valant 1,98 milliard de francs à destination de la Corée du Sud (+4,3%) et a importé des marchandises sud-coréennes pour 683 millions de francs (-14,4%).

La Suisse reste un investisseur direct important en Corée du Sud. Les flux de ses investissements directs représentaient 713 millions de francs en 2008, ce qui porte le stock de capital suisse en Corée du Sud à un peu plus de 4 milliards de francs à la fin de 2008.

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