Genève va tester les bracelets électroniques sur les agresseurs
Le canton de Genève va lancer un projet-pilote de surveillance active des auteurs de violence domestique grâce au port d'un bracelet électronique. Le test a été élaboré par le Département des Institutions et du numérique (DIN), en concertation avec le Ministère public. Il débutera en janvier.
(Keystone-ATS) «Ce projet consiste à établir une zone que la victime a l’habitude de fréquenter et dont l’accès sera interdit à l’agresseur», a expliqué Carole-Anne Kast devant les médias mardi. La conseillère d’Etat en charge du DIN précise: «S’il pénètre dans le périmètre, le bracelet alerte la centrale, qui appelle l’auteur pour lever le doute. Si la personne ne répond pas et ne quitte pas le périmètre, une intervention policière est lancée directement sur les lieux.»
«C’est une mesure de substitution à la détention, pour prévenir une récidive ou une collusion», a ajouté le procureur général Olivier Jornot. Selon lui, la difficulté consiste à établir des périmètres en tenant compte des personnes qui habiteraient dans des lieux proches et qui se déplaceraient beaucoup pour leur travail ainsi que du temps d’intervention de la police. Berne et Zurich sont les seuls cantons à avoir déjà intégré cette mesure de surveillance active.
«A terme, on pourrait envisager une surveillance dynamique, pour surveiller les rapprochements géographiques entre auteurs et victimes», mais c’est une mesure complexe et pas recommandée aujourd’hui, a précisé Mme Kast. Elle implique le port d’un bracelet par les victimes qui doivent pouvoir adapter leur comportement s’il se met à sonner. Un projet-pilote à Zurich avait été abandonné, selon la magistrate.
Chiffres en hausse
Les statistiques parlent en faveur d’un tel projet. «A Genève, une violence sur deux est une violence domestique, c’est un chiffre marquant», a relevé Nathalie Fontanet, en charge du Département des finances. Et au 31 octobre dernier, 814 interventions ont déjà été recensées pour 2025, «ce qui laisse présager une augmentation de 50% par rapport à l’année passée», a estimé Carole-Anne Kast.
En 2024, les infractions contre l’intégrité sexuelle ont fortement augmenté, avec une hausse des viols, passant de 89 à 142 cas. Selon Carole-Anne Kast, cette augmentation «témoigne de la libération de la parole des victimes», qui osent de plus en plus les signaler à la police.
L’an dernier, 127 mesures d’éloignement administratifs ont été prononcées, soit une hausse de 14%. Ce nombre constitue un record pour la troisième année consécutive depuis l’entrée en vigueur de la loi sur les violences domestiques en 2005. «L’augmentation de ces mesures a saturé la prise en charge des entretiens socio-thérapeutiques et juridiques obligatoires pour les personnes éloignées», a expliqué Nathalie Fontanet.
Le canton a également annoncé mardi la mise en oeuvre du 142, numéro national d’aide aux victimes, qui sera déployé en mai 2026. La permanence téléphonique pour Genève sera assurée par le centre de consultation LAVI, et les cantons romands se sont unis pour garantir une permanence accessible en continu. En attendant, le centre de consultation étend déjà ses heures de permanence téléphonique dès novembre.