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Un imam qui fait peur au Valais

La Constitution helvétique garantit la liberté de religion. Pour autant, le Valais refuse de délivrer un permis B à un imam macédonien.

Les autorités invoquent l’intégrisme du candidat. Rappel des faits.

L’affaire remonte à cet été déjà. Mais elle n’a été révélée que cette semaine par le quotidien valaisan Le Nouvelliste.

Le service cantonal des étrangers du canton du Valais a simplement refusé d’octroyer une autorisation de séjour et de travail à un imam de 29 ans qui avait été appelé pour conduire la prière, enseigner le Coran et l’arabe au centre islamique de Sion.

Raison invoquée par les autorités: «le profil du candidat est trop fondamentaliste». Un motif d’ailleurs étayé par deux arguments massue.

D’abord, rappelle la cheffe du service cantonal des étrangers, «l’autorité doit veiller à ne pas favoriser le fondamentalisme».

Ensuite, ajoute Françoise Gianadda, «le canton doit assurer une coexistence harmonieuse entre les différents courants de la communauté musulmane du Valais».

A l’école du wahhabisme

Visiblement, dans ce cas, c’est la formation du jeune religieux qui fait peur aux autorités.

«Les imams qui ont suivi la même formation que ce candidat, confirme Françoise Gianadda, sont généralement appuyés par l’Arabie Saoudite pour réislamiser les Balkans et y dispenser un enseignement rigoriste.»

Ce courant (l’école wahhabite), toujours selon les autorités, est répandu en Valais où la communauté musulmane compte de nombreux citoyens des Balkans.

Un recours déposé

La décision des autorités et les motifs invoqués peuvent choquer d’aucuns. Qui invoquent le principe de la liberté de religion qui est inscrit dans la Constitution.

D’ailleurs, l’avocat sédunois Jean-Jérôme Crittin – qui défend les intérêts de l’imam – a déposé un recours d’ores et déjà rejeté par l’administration cantonale.

Mais l’imam – qui est toujours en Macédoine – a jusqu’au 5 novembre pour contester cette décision. Et, pour gagner la partie, son avocat a l’intention d’exploiter à fond deux préavis favorables à l’imam.

Délivrés par l’Office fédéral des étrangers et par la Commission fédérale des étrangers, ces préavis devraient normalement être pris en considération par le canton. Auquel revient la décision finale.

Par ailleurs, Me Jean-Jérôme Crittin compte bien avancer la liberté de religion. Même si le service cantonal valaisan des étrangers réfute ce principe.

swissinfo/Jean-Louis Thomas

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