La voix de la Suisse dans le monde depuis 1935

Il est encore possible de sauver les marsouins du Pacifique (étude)

Les marsouins se prennent dans ces filets, ce qui cause leur mort (archives). KEYSTONE/EPA/ALEX HOFFORD sda-ats

(Keystone-ATS) On les croyait condamnés à l’extinction: les marsouins du Pacifique sont aujourd’hui l’espèce de mammifères marins la plus menacée. Et pour cause, les scientifiques estiment qu’il n’en reste que dix environ dans les eaux du golfe de Californie.

Face à ce constat, beaucoup estimaient que cet animal ne pourrait jamais s’en remettre. En cause, la consanguinité forcée des futures progénitures. Mais cette théorie est aujourd’hui contredite par une nouvelle étude, publiée jeudi dans la prestigieuse revue Science. Malgré leur faible nombre, les marsouins ne sont pas voués à disparaître pour des raisons génétiques, assure-t-elle.

De la même famille que les dauphins, ces marsouins mesurent en moyenne un peu plus d’un mètre seulement, ce qui en fait la plus petite espèce de cétacés. Appelé « vaquita marina » (petite vache marine) au Mexique, l’animal ne vit que dans une zone très restreinte, dans le nord du golfe de Californie.

Au XXe siècle, il a été décimé par les larges filets maillants utilisés pour pêcher notamment un poisson lui-même menacé, le totoaba, très recherché dans certains pays. Bien que la pêche de ce poisson ait été déclarée illégale, l’interdiction n’est pas toujours respectée. Or les marsouins se prennent dans ces filets, causant leur mort.

Faible diversité génétique

Lors de leur premier recensement, en 1997, ils n’étaient déjà plus qu’au nombre de 570. Aujourd’hui, l’espèce est au bord de l’extinction. Les chercheurs ont analysé le génome de 20 marsouins, à partir d’échantillons prélevés entre 1985 et 2017 (la plupart sur des individus morts) et conservés depuis.ont analysé le génome de 20 marsouins, à partir d’échantillons prélevés entre 1985 et 2017 (la plupart sur des individus morts) et conservés depuis.

Cela leur a permis de déterminer que les marsouins du Pacifique ont toujours été une espèce rare, leur population n’ayant jamais dépassé les quelques milliers sur les 250’000 dernières années. Leur diversité génétique est ainsi très faible.

« En général, on estime qu’une faible diversité génétique est une mauvaise chose. Mais dans ce cas, cela représente un avantage pour la possibilité de survie des marsouins du Pacifique », a expliqué Jacqueline Robinson, auteure principale de l’étude et chercheuse à l’université de Californie à San Francisco. La raison tient à un certain type de mutation génétique, néfaste. Avoir une seule copie de cette mutation dans son code génétique ne pose pas problème. En revanche, en hériter deux copies devient problématique pour la santé de l’individu.

Les marsouins ne présentent ainsi aujourd’hui que très peu de ces mutations néfastes dans leur code génétique. Partant de ce constat, les chercheurs ont dans un deuxième temps réalisé des simulations afin d’estimer les chances de survie des marsouins du Pacifique.

Si la pêche au filet cesse totalement, alors le risque d’extinction de l’espèce n’est que de 6%. Mais si la pêche est seulement réduite, les risques d’extinction augmentent drastiquement: même avec 80% de réduction de la pêche, les marsouins ont 62% de chance de disparaître.

Les plus appréciés

Les plus discutés

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision