
L’autrice Rokhaya Diallo veut aider les femmes à s’affirmer

L'autrice française Rokhaya Diallo, figure de la lutte contre les discriminations, anime à Neuchâtel pour la première fois en Suisse sa formation, destinée à la prise de parole dans l'espace public. Elle veut utiliser son expérience pour aider les femmes à s'affirmer.
(Keystone-ATS) «Il y a des croyances très répandues selon lesquelles les choses sérieuses sont des affaires d’hommes. Depuis la crise du Covid, les avancées en termes de parité tendent à reculer et les réflexes masculinistes augmentent. C’est une vraie menace pour la liberté des femmes», a déclaré à Keystone-ATS Rokhaya Diallo.
Du fait de leur éducation et que les hommes sont majoritairement présents dans l’espace public, «les femmes, invisibilisées depuis l’enfance, ont l’idée que leur parole est moins légitime», a ajouté la Française.
Pour les femmes non blanches, le défi est encore plus grand car elles doivent affronter à la fois du sexisme et du racisme. «Leur parole est encore moins crédible et elles sont très souvent cyberharcelées», a expliqué l’autrice, décrite par le New York Times comme «l’une des activistes antiracistes les plus importantes en France».
Des espaces de non-mixité
Comme les femmes font souvent face à un sentiment d’imposture, elles vont aussi facilement se censurer. «Il faut créer des espaces de non-mixité pour permettre aux femmes de s’entraîner. Car dans les espaces mixtes, la parole des femmes est plus souvent entravée. La non-mixité n’est pas un projet de société mais un espace nécessaire pour qu’elles se sentent en sécurité», a expliqué l’activiste.
Les femmes le réclament de plus en plus souvent, dans le sport notamment. Cela leur permet de pratiquer «sans être observées, draguées ou jugées sur leur habillement», a expliqué l’autrice du «Dictionnaire amoureux du féminisme».
«Il y a 15 ans sur les plateaux TV, j’étais souvent la seule femme, les hommes me criaient dessus ou parlaient fort pour couvrir ma voix. J’ai voulu partager et transmettre ce que j’ai appris», a précisé Rokhaya Diallo
La formation W.O.R.D répond à ce besoin. Quarante femmes blanches et non blanches, venant de Suisse romande, sont réunies depuis jeudi matin et jusqu’à samedi à Neuchâtel, à l’initiative de MélanineSuisse et du Festival Black Helvetia.
L’atelier permet aux femmes de travailler notamment leur voix avec une musicienne, leur image avec une styliste ou par exemple l’exercice de mises en situation avec une humoriste. Trois modules sont au programme: «Prendre sa place, faire face, incarner et transmettre».