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L’environnement subit toujours de fortes pressions

Le directeur de l'OFEV, Marc Chardonnens, et la vice-directrice Karine Siegwart ont présenté lundi aux médias le rapport Environnement Suisse 2018, approuvé vendredi dernier par le Conseil fédéral. KEYSTONE/PETER SCHNEIDER sda-ats

(Keystone-ATS) Trois quarts de l’impact environnemental de la Suisse se situe à l’étranger: c’est l’une des conclusions du rapport Environnement Suisse 2018. Il en ressort aussi que l’alimentation est le secteur qui a le plus d’impact, suivi par le logement et la mobilité.

Les émissions de gaz à effet de serre de la Suisse ont certes diminué de 10% entre 1990 et 2016 à l’intérieur du pays, mais elles ont augmenté à l’étranger. En 2015, l’empreinte de gaz à effet de serre de la Suisse s’élevait à 14 tonnes d’équivalents CO2 par personne. “Le seuil supportable pour la planète se situe à 0,6 tonne”, a souligné lundi devant la presse Karine Siegwart, vice-directrice de l’Office fédéral de l’environnement (OFEV).

La Suisse importe des biens dont la production nécessite beaucoup d’eau et qui proviennent de pays où cette ressource est plutôt rare. Son empreinte hydrique se situe ainsi à 99% à l’extérieur du pays, un taux stable depuis 1996, peut-on lire dans le rapport. L’impact environnemental se fait également sentir sur les habitats naturels et sur la diversité des espèces.

De manière générale, la Suisse consomme beaucoup plus que la planète ne peut le supporter. Selon Mme Siegwart, l’impact environnemental de la Suisse devrait être réduit de deux tiers pour être tolérable. Pour rappel, en ratifiant l’Accord de Paris, la Suisse s’est engagée à abaisser d’ici 2030 de 50% ses émissions de gaz à effet de serre par rapport à 1990.

Alimentation

En Suisse, deux tiers de l’impact environnemental sont imputables à trois secteurs: l’alimentation (28 %), le logement (24 %) et la mobilité (12 %). Dans le domaine de la consommation alimentaire, ce sont les produits d’origine animale qui ont l’incidence la plus importante (44%), suivi par les boissons (18,6%), avant tout le vin, la bière et le café, précise le rapport.

Interrogé sur la nécessité de réduire sa consommation de viande, le directeur de l’OFEV, Marc Chardonnens, a rappelé que notre consommation de viande a beaucoup évolué et qu’il n’y a pas si longtemps, en manger était encore un luxe. Il a invité chacun à réfléchir à sa consommation.

Dans le domaine du logement, ce sont avant tout l’énergie utilisée pour le chauffage et l’électricité consommée par les ménages qui pèsent dans la balance environnementale. Au niveau de la mobilité, la palme revient au carburant pour les moyens de transports privés et aux voyages en avion.

Améliorations et défis

Tout n’est pas noir pour autant. La qualité des eaux et de l’air s’est par exemple améliorée en Suisse depuis 2000, même s’il reste des progrès à faire au niveau des concentrations d’ozone, de poussières fines et de dioxyde d’azote dans l’air. Les forêts se portent aussi plutôt bien d’un point de vue environnemental, a relevé M. Chardonnens.

Malgré ces progrès, les ressources naturelles restent sous pression. Les principaux défis à relever concernent l’utilisation croissante du sol à des fins d’urbanisation et de transport, la sur-fertilisation des écosystèmes par l’ammoniac et le nitrate, la présence de produits phytosanitaires dans le sol et les eaux et la perte de biodiversité qui en découle, ainsi que les grandes quantités de déchets et les changements climatiques.

Le gaspillage alimentaire constitue également une gageure. Pour y remédier, le Conseil fédéral mise sur des mesures volontaires. Une table ronde avec tous les acteurs de la branche est prévue au printemps.

La Suisse augmente sa contribution

Le rapport Environnement Suisse 2018 a été présenté alors que se tient à Katowice la 24e Conférence de l’ONU sur le climat. Le président de la Confédération Alain Berset y a annoncé lundi que la Suisse s’engage à verser plus de 120 millions de dollars de nouvelles contributions financières pour le changement climatique.

Cette somme est confiée à la Direction du développement et de la coopération (DDC) ainsi qu’au Secrétariat d’Etat à l’économie (Seco). Elle s’ajoute au soutien financier aux pays en développement pour la mise en oeuvre de leurs politiques climatiques.

Lundi, le climat a également occupé le Conseil national, qui a empoigné l’examen de la loi sur le CO2. Cette révision doit justement permettre à la Suisse de tenir les engagements de l’Accord de Paris. Elle prévoit notamment une hausse des prix de l’essence et de la taxe sur les combustibles.

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