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La Suisse reprend la route du semi-confinement

Le président de la Confédération Guy Parmelin s'est exprimé avec un masque, entouré de parois en plexiglas, comme ses collègues, mercredi devant la presse. KEYSTONE/URS FLUEELER sda-ats

(Keystone-ATS) Commerces non essentiels fermés, télétravail obligatoire, réunions privées limitées: le Conseil fédéral a adopté mercredi une série de nouvelles mesures pour lutter contre le coronavirus. La Suisse se renferme pour cinq semaines, mais délie les cordons de la bourse.

Les mesures étaient dans l’air. Face à la levée de boucliers de certains milieux politiques et économiques, leur sort était incertain. La propagation rapide des nouvelles souches beaucoup plus contagieuses du coronavirus a toutefois convaincu le Conseil fédéral de serrer drastiquement la vis.

Craintes des nouvelles souches

Avec les mesures actuelles, les cas liés aux nouveaux variants doublent toutes les semaines, a expliqué le ministre de la santé Alain Berset devant la presse. La Suisse se trouve dans la même situation que le Royaume-Uni début décembre.

“Les mesures sont très dures”, a reconnu le ministre de la santé. Mais elles visent à éviter une troisième vague brutale, des mesures ultérieures plus coûteuses et de mettre en danger la vaccination qui vient de débuter.

Dès lundi, les commerces et les marchés vendant des biens non essentiels fermeront. Les marchandises pourront cependant être commandées à l’avance et récupérées sur place. Les restrictions horaires et dominicales pour les magasins vendant des biens de consommation courante, les stations d’essence et les kiosques sont en revanche levées.

Plusieurs mesures ont également été prises concernant le travail. Le télétravail sera obligatoire partout où c’est possible. Les personnes à risque devront quant à elles être mieux protégées. Si les employés à risque ne peuvent pas être suffisamment bien protégés, ils pourront rester chez eux et recevoir la totalité de leur salaire.

“Moment crucial”

Le Conseil fédéral a encore décidé de restreindre les réunions privées à cinq personnes, adultes ou mineures, que ce soit à l’intérieur ou à l’extérieur. Le président de la Confédération Guy Parmelin a parlé d’un “moment crucial dans notre combat dans la pandémie”.

Aucune restriction supplémentaire en revanche concernant les domaines skiables ou les écoles, même si elles pourraient intervenir ultérieurement. Les cantons restent compétents en la matière.

Coup de pouce financier

De surcroît, la Confédération assouplit les conditions pour les entreprises considérées comme des cas de rigueur. Les nouvelles facilités devraient permettre à tous les cantons de fournir dès février une aide à la plupart des patrons concernés par les mesures anti-Covid.

Le Parlement a approuvé en décembre dernier une enveloppe de 2,5 milliards de francs pour les cas de rigueur, dont 1,9 milliard à la charge de la Confédération. Anticipant une prolongation des fermetures imposées, plusieurs milieux de gauche comme de droite sont montés au créneau ces derniers jours pour réclamer une aide supplémentaire, en particulier pour la restauration et l’hôtellerie.

Le Conseil fédéral s’est montré mercredi conscient du défi. On s’attendait à 50’000 demandes des entreprises concernées, mais ce chiffre pourrait atteindre 100’000, a déclaré devant la presse à Berne le chef du Département fédéral des finances, Ueli Maurer. Le Conseil fédéral a opté pour une simplification des mesures déjà en place pour les cas de rigueur.

Contributions à fonds perdu

Les plafonds applicables aux contributions à fonds perdu sont relevés. Les cantons pourront octroyer à toutes les entreprises des contributions s’élevant au maximum à 20% du chiffre d’affaires annuel (contre 10% jusqu’ici) et à 750’000 francs par entreprise (contre 500’000 francs).

En outre, elle permet de couvrir une éventuelle prolongation des fermetures après la fin de février 2021. Les cantons peuvent augmenter le plafond en termes absolus à 1,5 million, pour autant que les propriétaires apportent des fonds propres d’un montant équivalent ou que les bailleurs de fonds abandonnent leurs créances.

Ueli Maurer a cependant d’ores et déjà averti que les 2,5 milliards de francs pour les cas de rigueur ne suffiront probablement pas. Après concertation avec les cantons, il soumettra une demande de crédit supplémentaire à la session de printemps.

Les partis nuancent

Du côté des partis politiques, les socialistes et les Verts sont satisfaits des nouvelles mesures prises par le Conseil fédéral pour lutter contre le coronavirus. Pour le PDC aussi, le durcissement est nécessaire. Le PLR salue le soutien aux PME tandis que l’UDC se désolidarise du gouvernement.

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