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Au Tessin, les crématoires attirent les défunts italiens avec des prix cassés

crématoire
KEYSTONE/DPA/Rolf Vennenbernd

Certains crématoires du Tessin recrutent des clients et clientes en Italie voisine, en les attirant avec des prix cassés. Résultat: dans la même installation, l'incinération d'un défunt tessinois peut coûter presque le double de celle d'un défunt italien.

Pour incinérer leurs proches, les familles italiennes des régions proches du lac de Côme ou de la vallée d’Intelvi préfèrent souvent traverser la frontière plutôt que de se rendre à Côme ou Sondrio, situées à une heure de route, voire plus.

Certaines entreprises de pompes funèbres italiennes bénéficient ainsi de tarifs autour de 650 à 700 euros (entre 600 et 650 francs environ), contre 800 francs pour les résidents tessinois.

L’Association tessinoise de crémation, propriétaire à but non lucratif des crématoires de Lugano et de Chiasso, confirme qu’il existe, en raison de partenariats de longue date, des conditions commerciales particulières pour certaines sociétés italiennes.

Ces réductions profiteraient directement aux familles italiennes elles-mêmes, et non aux entreprises de pompes funèbres. De tels rabais ne sont pas accordés aux entreprises tessinoises.

Au Tessin, les crématoires les plus chers du pays

Avec les ouvertures récentes des sites de Chiasso et Carasso, le Tessin compte aujourd’hui cinq crématoires pour 360’000 habitants, une concentration beaucoup plus forte qu’ailleurs en Suisse.

En moyenne, chaque installation incinère 700 dépouilles par an – italiennes comprises – contre 2400 en moyenne en Suisse alémanique. Face aux coûts d’exploitation, les crématoires tessinois n’ont d’autre choix que d’augmenter les tarifs, les plus hauts du pays.

En Suisse, la moyenne est de 380 francs pour les personnes domiciliées dans la commune où se trouve le crématoire (et dans sept crématoires publics, c’est même gratuit). Pour les non-domiciliés, la moyenne monte à 600 francs. À Chiasso, Lugano et Carasso, on est largement au-dessus: le tarif unique est de 800 francs. Seule Lausanne, avec 830 francs pour les non-résidents, fait plus cher.

À Bellinzone, les non-domiciliés paient 800 francs, mais les habitants bénéficient d’un rabais à 650 francs, ce qui reste au-dessus de la moyenne suisse. Enfin, le crématoire de Riazzino ne publie pas ses tarifs et a refusé de les communiquer à la RSI, les considérant comme confidentiels.

Selon certains documents obtenus par l’émission Patti chiari, ce serait le crématoire le plus cher du pays, avec un coût d’environ 880 francs par incinération.

Le marché italien pour équilibrer les comptes

Par ailleurs, pour équilibrer leurs comptes, certains crématoires n’hésitent pas à courtiser le marché italien. L’un d’eux, celui de Carasso, a même déplacé temporairement son siège à Balerna, près de la frontière (le siège a depuis lors été rapatrié à Bellinzone).

Le transport des dépouilles dans la zone frontalière est simplifié par un accord entre la Suisse et l’Italie, ce qui rend la procédure plus rapide et moins coûteuse.

>> Le reportage de RSI sur les crématoires tessinois :

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On ignore si c’est la raison du déplacement du siège à Balerna. Patti chiari a cependant obtenu une offre adressée à une entreprise de pompes funèbres italienne.

Celle-ci proposait un forfait complet comprenant le transport du corps, la crémation, l’urne et la remise des cendres, le tout à prix cassé: 550 euros pour moins de 100 crémations, 490 euros à partir de 200 dépouilles. Autrement dit, une famille italienne pouvait payer quelque 450 francs par incinération, soit un peu plus de la moitié du prix tessinois.

L’offre a-t-elle été acceptée? Si oui, le contrat est-il encore en vigueur? Des entreprises italiennes amènent-elles vraiment leurs dépouilles au Sopraceneri?

Interrogé à ce propos, le crématoire de Carasso s’est contenté d’une réponse laconique: «Jusqu’à preuve du contraire, en Suisse, le libre marché prévaut.» Même après la mort…

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