
Le Pérou se dote d’un nouveau président après une destitution

Le parquet péruvien a demandé vendredi à la justice d'interdire à l'ancienne présidente Dina Boluarte, tout juste destituée par le Parlement, de quitter le pays le temps de finaliser des enquêtes la visant pour corruption et abus de pouvoir.
(Keystone-ATS) Le président du Parlement José Jeri, 38 ans, a assumé la présidence du pays andin après la destitution expresse de Dina Boluarte pour «incapacité morale permanente» à exercer ses fonctions, sur fond de crise sécuritaire dans le pays.
«Le ministère public a sollicité l’interdiction de sortie du pays pour Dina Boluarte pendant 18 à 36 mois dans le cadre d’enquêtes» pour des délits «de blanchiment d’actifs au préjudice de l’État», a indiqué le parquet dans un communiqué.
Cette mesure «vise à garantir la présence de Boluarte pendant le déroulement du processus pénal et à prévenir une éventuelle fuite du territoire national», ajoute le document.
Ces affaires sont liées au financement présumé du parti Perú Libre, fondé par Vladimir Cerrón, aujourd’hui en fuite, et à des nominations de complaisance dans la Sécurité sociale.
Avec sa destitution, Dina Boluarte, 63 ans, perd de fait son immunité et se retrouve désormais exposée à d’éventuels procès susceptibles de la conduire en prison.
Son mandat a été marqué par plusieurs scandales, dont le «Rolexgate», portant sur des montres et bijoux de luxe qu’elle n’aurait pas déclarés, ainsi qu’une rhinoplastie pratiquée en secret en 2023, qu’elle aurait dû signaler au Parlement conformément à la loi.
Derrière les barreaux
Le Pérou compte plusieurs anciens présidents derrière les barreaux: Alejandro Toledo et Ollanta Humala purgent des peines pour corruption, tandis que Pedro Castillo est détenu dans l’attente de son procès pour tentative de coup d’État.
Dina Boluarte était arrivée au pouvoir après la destitution de ce dernier, dans un contexte de manifestations violemment réprimées qui ont fait au moins 50 morts.
Les principales forces politiques du Parlement ont présenté jeudi plusieurs motions de destitution contre elle. Sa destitution a été approuvée à la majorité et dans la foulée, José Jeri a prêté serment, conformément à la Constitution.
Député du parti de centre-droit Somos Perú depuis 2021, José Jeri avait été élu en juillet président du Parlement. Il assumera ses nouvelles fonctions jusqu’au 26 juillet 2026. Le Pérou organise des élections générales en avril.
Dans son premier discours, il a promis de «déclarer la guerre» au crime organisé, qu’il a qualifié de «principal ennemi du pays».
Une centaine de personnes a célébré la destitution de Dina Boluarte devant le Parlement, agitant des drapeaux péruviens et brandissant des pancartes hostiles à la présidente, a constaté l’AFP. «Dina dégage. À bas le pacte mafieux», pouvait-on lire sur une pancarte brandie par un manifestant.
Dina Boluarte avait déjà fait l’objet de plusieurs tentatives de destitution, sans succès jusqu’à présent. Cette fois, la procédure a été à son terme, les partis de droite et d’extrême droite qui la soutenaient l’ayant lâchée.
Son impopularité était record. Elle a terminé son mandat avec 96% de désapprobation, selon l’institut de sondage Ipsos.
Ces dernières semaines, les manifestations contre le gouvernement s’étaient multipliées à Lima sur fond de vague d’extorsions et de meurtres attribués au crime organisé. Le dernier épisode est survenu mercredi soir, lorsque qu’un groupe de musique a été pris pour cible de tirs lors d’un concert à Lima, faisant cinq blessés, dont quatre musiciens.