
Le pape juge «graves» les abus contre les migrants «vulnérables»

Les "abus dont sont victimes les migrants vulnérables" au nom de la sécurité sont "des crimes graves commis ou tolérés par l'État", a dénoncé jeudi le pape Léon XIV.
(Keystone-ATS) «Les Etats ont le droit et le devoir de protéger leurs frontières, mais cela doit être contrebalancé par l’obligation morale d’offrir un refuge», a souligné le pape lors d’une rencontre avec des organisations de la société civile, dont il a salué l’engagement à rechercher «des solutions dans une société régie par des systèmes injustes».
«L’abus dont sont victimes les migrants vulnérables n’est pas l’exercice légitime de la souveraineté nationale, mais plutôt des crimes graves commis ou tolérés par l’Etat», a ajouté Léon XIV dans un discours à la forte tonalité sociale.
Le souverain pontife a également fustigé les «mesures de plus en plus inhumaines, voire politiquement célébrées (…) prises pour traiter ces +indésirables+ comme s’ils étaient des déchets et non des êtres humains». «Secourir les naufragés» ne relève pas de «l’idéologie» mais consiste à «vivre l’Evangile, a-t-il assuré.
Dans les pas de François
En septembre, Robert Francis Prevost avait déjà opposé à la «mondialisation de l’impuissance» une «culture de la réconciliation et de l’engagement», dans un message vidéo adressé aux personnes oeuvrant à l’accueil des migrants sur l’île italienne de Lampedusa (sud).
Le gouvernement ultraconservateur italien, qui a fait de l’immigration clandestine l’un de ses chevaux de bataille, critique régulièrement les ONG oeuvrant au sauvetage des migrants.
Avec ces nouvelles déclarations, au lendemain d’un nouveau naufrage lors duquel 40 migrants ont perdu la vie au large de la Tunisie, Léon XIV s’inscrit une nouvelle fois dans les pas de son prédécesseur François, décédé en avril, qui avait fait de l’accueil des migrants un pilier de son pontificat.
Drogues évoquées
Jeudi, le chef des 1,4 milliard de catholiques a également évoqué la crise des opiacés aux États-Unis, critiquant l’industrie pharmaceutique pour sa promotion d’analgésiques susceptibles d’entraîner une dépendance.
«La prolifération de nouvelles drogues synthétiques, de plus en plus mortelles, n’est pas seulement un crime des trafiquants de drogue, mais une réalité liée à la production de médicaments et à ses profits, dépourvus de toute éthique globale», a relevé le pape.
Léon XIV a aussi mis en garde contre les risques liés à l’extraction de minéraux stratégiques utilisés dans les appareils électroniques tels que les téléphones portables, affirmant que leur exploitation «dépend de la violence paramilitaire, du travail des enfants et du déplacement des populations».