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Le scientifique David Goodall s’est exprimé une dernière fois aux médias avant de mourir en Suisse

Agé de 104 ans, le scientifique David Goodall veut mourir. Face aux médias réunis à Bâle, il a déclaré se réjouir de pouvoir s'en aller jeudi. KEYSTONE/GEORGIOS KEFALAS sda-ats

(Keystone-ATS) Il a 104 ans et veut mourir. Le scientifique australien David Goodall s’en est expliqué une dernière fois aux médias du monde entier, mercredi dans un hôtel bâlois. Il se trouve en Suisse pour bénéficier jeudi d’une aide médicalisée au suicide.

Les personnes âgées devraient avoir le droit de décider elles-mêmes, quand et où elles souhaitent mourir, a déclaré David Goodall à la cinquantaine de journalistes venus de Suisse, d’Allemagne, de France, du Royaume Uni, de Chine, des Etats-Unis et de son pays, l’Australie. Il s’est tout de même dit surpris du large écho médiatique de son “départ”, tout en espérant ainsi faire “bouger les choses” en Australie, qui interdit l’aide au suicide.

Né en 1914, David Goodall aurait préféré mourir dans son pays, a-t-il souligné. Le botaniste avait d’ailleurs tenté de se suicider, sa qualité de vie s’étant nettement amoindrie ces deux dernières années. Il a toutefois échoué dans sa tentative. Le chercheur avait en outre fait une chute dans sa maison. Il a alors décidé de faire appel à une aide professionnelle pour en finir.

Presque sourd et aveugle

“C’est ma propre décision. Je veux mettre un terme à ma vie. Je suis reconnaissant que cela soit possible en Suisse”, a déclaré David Goodall qui ne souffre d’aucune maladie. Vêtu du pullover à l’inscription “Ageing disgracefully” (“Vieillir de manière indigne”), le botaniste a ajouté qu’il était en train de perdre la vue et l’ouïe. Il se “réjouit” donc de s’en voir soulagé.

Selon l’organisation d’aide au suicide Exit, le scientifique n’est pas le premier Australien à faire appel à l’aide au suicide en Suisse, tel que le font de nombreux Européens. Mais les cas sont rares en raison de la durée et du coût du voyage depuis l’autre bout de la planète. Au total, seuls 40 Australiens ont fait appel à l’aide au suicide depuis que ce service existe.

Feu vert médical

Après son arrivée lundi à Bâle, David Goodall a consulté deux médecins de la fondation Lifecircle, dont un psychiatre. Tous deux ont donné leur feu vert à la procédure d’aide.

Jeudi matin, l’Australien doit se rendre à son “dernier rendez-vous”, accompagné de ses proches. Son dernier geste consistera à prendre lui-même un médicament mortel au moyen d’une aiguille hypodermique, à moins qu’il ne revienne sur sa décision.

A l’Université jusqu’à 102 ans!

David Goodall a travaillé à l’Université Edith Cowan jusqu’à l’âge avancé de 102 ans. La haute école voulait alors l’envoyer à la retraite alors qu’il y travaillait encore bénévolement. Elle a toutefois dû revenir sur sa décision face aux manifestations de solidarité et de protestation en faveur du scientifique.

L’Australien a publié des dizaines de travaux de recherche. Il travaillait encore récemment pour des revues scientifiques.

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