Le Shard: un gratte-ciel symbole du nouveau Londres

(Keystone-ATS) Le plus haut gratte-ciel d’Europe, le Shard, a ouvert au public son observatoire dans les nuages vendredi à Londres. Ce bâtiment, dont la flèche de verre culmine à 310 mètres, symbolise la vitalité du «nouveau Londres» qui se développe au sud de la Tamise.

La vie s’installera progressivement ces prochains mois dans cette mini-ville verticale de 8000 habitants, édifiée face à l’opulente City, sur l’autre rive du fleuve. L’édifice devrait attirer 1 million de visiteurs par an.

L’ouverture de la plate-forme constitue en quelque sorte un pré-baptême pour cette réalisation de l’architecte italien Renzo Piano, lequel a cosigné le Centre Pompidou à Paris, inauguré en 1977. A l’époque, ce bâtiment avait été critiqué pour son apparence: une gigantesque raffinerie sertie au coeur de Paris.

Le Shard suscite aussi la controverse. Il choque pour son luxe que d’aucuns jugent intempestif. Avec ses somptueux bureaux, son hôtel 5 étoiles, ses restaurants et appartements haut de gamme, l’immeuble financé à 95% par le Qatar met un terme à des siècles de concentration de la richesse dans l’ouest, le centre et le nord de la capitale britannique.

District défavorisé

«Ce qui est merveilleux avec Londres, c’est qu’à bien des égards ça ne s’arrête jamais. C’est lié quelque part au commerce, au business. C’est dans ses gènes», explique William Matthews, architecte au sein de l’équipe de Renzo Piano.

«C’est vraiment une histoire de renouveau, de renaissance», s’extasie Peter John, responsable de Southwark. Ce district relativement prospère au temps du Londinium romain est longtemps resté le plus mal famé de Londres avec ses tripots et ses bordels.

Il a servi de décor à Oliver Twist, le roman poignant de Charles Dickens qui dépeint la misère industrielle dans l’Angleterre du 19e siècle. La fermeture du port de Londres dans les années 1960-80 a accru la paupérisation. Aujourd’hui, le revenu moyen annuel par foyer à Southwark, qui compte 290’000 habitants, est l’un des plus bas du pays.