
Les Républicains suspendent les ministres du gouvernement Lecornu

Les Républicains ont annoncé mercredi la suspension des ministres LR du gouvernement de Sébastien Lecornu, qui sont restés ou ont intégré l'équipe gouvernementale après le départ de Bruno Retailleau.
(Keystone-ATS) La mesure, qui divise le parti entre son équipe dirigeante, ses adhérents et ses députés, a été annoncée par la direction lors d’un bureau politique réuni mercredi soir et qui s’est prononcé par un vote, selon des sources concordantes. Plusieurs voix se sont opposées à la suspension, dont Jean-François Copé, Xavier Bertrand et le président des députés LR, Laurent Wauquiez, selon les mêmes sources.
Les six ministres concernés –Annie Genevard (Agriculture), Rachida Dati (Culture), Philippe Tabarot (Transports), Vincent Jeanbrun (Logement), Sébastien Martin (Industrie) et Nicolas Forissier (Commerce extérieur)– avaient fait savoir dans la journée qu’ils s’étaient mis «en retrait de toute fonction» au sein de LR, auquel ils rappelaient leur «attachement».
LR vit un nouvel épisode de crise interne depuis la formation et la démission éclair du premier gouvernement Lecornu, un épisode qui a entraîné le départ de Bruno Retailleau du ministère de l’Intérieur. Le bureau politique du parti, dans une réunion houleuse, avait ensuite prôné la non-participation au deuxième gouvernement Lecornu, une position confirmée par un vote des adhérents, mais contraire à celle des députés du groupe présidé par Laurent Wauquiez.
Dans la foulée de l’annonce du gouvernement Lecornu 2, le parti avait annoncé l’exclusion des ministres LR, dans l’attente d’une décision définitive. Mercredi, une première version du communiqué de LR évoquait des ministres qui n’étaient «plus membres du parti». Mention rapidement effacée dans une nouvelle version.
«Orientation de gauche»
Avec une équipe «désormais placée sous la main directe d’Emmanuel Macron», qui «s’inscrit clairement dans une orientation de gauche», «demeurer au sein de ce gouvernement reviendrait à se fondre dans le macronisme, en renonçant à l’indépendance et aux convictions qui fondent notre engagement», écrit le parti dans son communiqué.
Mais l’épisode va laisser des traces. «Votre choix de quitter précipitamment le gouvernement de Sébastien Lecornu, alors même que la veille, vous souteniez devant nos parlementaires l’impérieuse nécessité d’y demeurer, n’a pas été compris par nos concitoyens», écrit notamment l’un des ministres concernés, Vincent Jeanbrun, dans un courrier adressé à M. Retailleau.
La suspension, «on savait depuis le début que ça se terminerait comme ça», «un grand classique de la droite», explique l’entourage de M. Retailleau, qui présente cette décision comme une voie médiane entre absence de réaction face à des ministres bravant la consigne, et l’exclusion de figures du parti comme Annie Genevard, qui présidait la Commission d’investiture.
«Bruno Retailleau n’a pas assumé la demande d’exclusion», estime au contraire un opposant à la ligne de l’ex-ministre de l’Intérieur. «Il y a eu une perte d’autorité» de Bruno Retailleau dans le parti avec son départ du gouvernement, et le patron de LR «a pris très personnellement» la décision des ministres, expliquait récemment un dirigeant.
M. Retailleau, qui va bientôt revenir au Sénat, va désormais se consacrer entièrement au parti, avec une série de déplacements prévus, et «passer la moitié de son temps à travailler sur le projet», selon son entourage.
L’ex-ministre a averti mardi dans Le Figaro que le projet de budget de gouvernement, «en l’état», était «invotable pour la droite» qui ne doit «s’interdire aucun débat, y compris celui de la censure».
Le bureau politique a approuvé la nomination du sénateur Roger Karoutchi pour remplacer Annie Genevard à la tête de la commission d’investiture, avec comme vice-présidents Patrick Hetzel et Nadine Morano. LR a également adressé «un soutien affectif à Nicolas Sarkozy», incarcéré mardi à la prison de la Santé à Paris.