
Minarets: Tripoli dénonce l’hypocrisie politique de la Suisse
(Keystone-ATS) Berne – Le ministre turc chargé des Affaires européennes, Egemen Bagis, a réagi à l’interdiction des minarets en prônant des mesures de rétorsion à l’égard de la Suisse, dans une interview du journal Hürriyet. Il a exhorté les musulmans à retirer leur argent des banques suisses.
« Je suis convaincu que cette décision (des électeurs suisses) incitera nos frères musulmans à revoir leur décision de garder leur argent dans les banques suisses », a-t-il dit. Le ministre a invité ces déposants à préférer les banques turques, les moins affectées, selon lui, par la crise financière globale.
Le Premier ministre turque, Recep Tayyip Erdogan, qui dirige un gouvernement islamo-conservateur, a vu dans le référendum de dimanche « le reflet de la montée d’une vague de racisme et de l’extrême droite en Europe ».
Daniel Cohn-Bendit, co-président des Verts au Parlement européen, a lui aussi demandé que « les plus riches des pays musulmans retirent leur argent des banques suisses », dans une interview au quotidien suisse « Le Temps ». Selon lui, »la plus formidable des ripostes (…) serait que les plus riches des pays musulmans retirent leur argent des banques suisses. Vider les caisses de la Confédération: voilà ce qu’il faudrait! ».
De son côté, l’imam de la mosquée de Genève a estimé qu’il incombe aux musulmans de Suisse de changer les clichés qu’une partie de la population a envers l’islam.
Si un musulman, ici ou ailleurs, donne une mauvaise image de l’islam, « il ne faut pas la généraliser à toute la communauté », a-t-il expliqué dans un entretien à « L’Illustré ». « Jamais », a-t-il souligné, « aucun responsable musulman ou association n’a revendiqué la pratique de la charia en Suisse ».
Pour lui, il est de la responsabilité de la communauté musulmane suisse « de sortir de l’opacité, de ne plus rester en marge de la société ». « Nous devons prendre part à la vie politique, sociale et culturelle. Aux autorités helvétiques de nous aider dans cette démarche d’intégration », a-t-il conclu.