
Nuit blanche à l’Eglise suisse de Londres en pleine révolution
(Keystone-ATS) Durant la nuit de Pâques, l’Eglise suisse de Londres a ouvert ses portes dès 22h00 samedi soir jusqu’à dimanche midi pour célébrer la Passion du Christ. « Quatorze heures sans sommeil », résume la pasteure Carla Maurer.
Elle a été nommée voici deux ans pour présider aux destinées de cette institution vieille de 250 ans. Située dans le quartier de Covent Garden, célèbre pour ses théâtres victoriens et ses music-halls, l’unique église suisse de Grande-Bretagne est contrainte aujourd’hui d’effectuer sa mue.
D’ici trois ans, la Fédération des Eglises protestantes de Suisse (Feps) coupera les vivres de cet espace destiné à offrir originellement un lieu de culte aux migrants suisses, autant catholiques que protestants, du quartier populaire de Soho.
Pour pallier au futur manque de ressources, la pasteure saint-galloise multiplie les initiatives, parfois iconoclastes: « nuit de la fondue », « pray and pub » – littéralement une prière suivie d’une virée au pub – ou sous-location de l’église aux « London fashion weeks », les fameux défilés de mode prisés de la capitale.
Selon Mme Maurer, ce pas de côté peu orthodoxe est « une façon d’attirer les donateurs et les mécènes » afin d’assurer la pérennité du lieu.
SDF suisses
Depuis que les gouvernements successifs de Tony Blair et de David Cameron ont taillé dans le domaine social, les temples et les églises de Londres se substituent à l’Etat pour venir en aide aux sans abris.
Ainsi, chaque mardi matin, entre 30 et 40 SDF, parmi lesquels deux ou trois ressortissants suisses, participent au « breakfast on the steps » (petit déjeuner sur les marches de l’église). L’Eglise suisse de Londres offre également régulièrement le vendredi, comme beaucoup de ses consoeurs baptistes ou anglicanes, une soupe populaire.
« La majorité des pauvres qui se sustentent chez nous sont britanniques ou polonais », explique la pasteure de 34 ans qui effectue à Londres ses premières armes dans la prêtrise. Des causeries en français sont aussi organisées parmi les ouailles.
« Des Suissesses venues ici comme filles au pair à l’âge de 18 ans, qui se sont mariées à Londres et qui ont aujourd’hui entre 60 et 90 ans, y participent ainsi que des jeunes couples ou des étudiants », résume-t-elle. Carla Maurer visite encore des personnes âgées, des malades et préside à deux ou trois enterrements par an. La communion se fait généralement en trois langues (allemand, français, anglais).
Bouleversement
Outre la pasteure, trois personnes oeuvrent à plein temps au bon fonctionnement de l’église, dont un « community worker » dont la tâche principale est de faire connaître à l’extérieur les activités de l’église suisse dont les préceptes reposent sur l’enseignement de Zwingli et Calvin.
« Nous assistons actuellement à un bouleversement fondamental dans l’histoire plus de deux fois centenaire de la Swiss Church of London. En l’absence d’impôts d’église en Grande-Bretagne, comme c’est encore le cas dans plusieurs cantons en Suisse, nous devons parer au plus pressé. Des églises ont d’ores et déjà décidé de nous soutenir depuis la Suisse par le biais de collectes », concède la pasteure.