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Paris: un Centre culturel décloisonné

RTS

«Mursollaici», c'est le titre mystérieux de l'événement que propose le Centre culturel suisse de Paris, jusqu'au 30 mars.

Ban d’essai et carte de visite pour le nouveau directeur des lieux, le Fribourgeois Michel Ritter, passionné par le présent.

Depuis septembre dernier, Michel Ritter, anciennement directeur du centre d’art contemporain Fri-Art, à Fribourg, est le nouveau patron du Centre culturel suisse à Paris. Le premier événement qu’il met sur pied dans ce contexte revêt donc une importance toute particulière.

Et à la lecture de la présentation, une légère inquiétude nous saisit: on y lit par exemple qu’il «désire poursuivre à Paris ses recherches sur le renouvellement permanent de nouveaux langages et écritures artistiques…» ou encore que «l’art aujourd’hui échappe aux définitions» et qu’on verra notamment au CCS des «films-questionneurs d’une époque en devenir».

Aïe, se dit-on. Tous les clichés plus ou moins abscons de l’art contemporain, ressassés depuis maintenant quelques décennies, semblent réunis sur ce dépliant. Pourtant, le discours de Michel Ritter se veut ancré dans le présent et le réel.

L’art du présent

Pour commencer, le nouveau directeur précise les termes: «J’évite de parler d’art contemporain. C’est de l’art tout court: ce qui a été fait dans le passé nous permet de faire ce que nous faisons actuellement. C’est une continuité. Je préfère parler d’art actuel».

La notion d’«actualité» est d’ailleurs très présente dans son esprit. «Ce qui m’intéresse personnellement, c’est le langage artistique qui touche les problématiques qui nous concernent, nous, à notre époque. Mon intérêt va aux choses qui ont une relation directe avec la vie quotidienne.»

Il admet toutefois pouvoir envisager de revisiter des œuvres classiques avec un regard contemporain. «Si des gens emploient des formes traditionnelles pour évoquer le présent de façon perspicace, pas de problème. Par contre, la répétition du modèle du modèle du modèle, ça, ça ne m’intéresse pas», explique-t-il.

Tout cela pour nous permettre «d’aborder les mutations et les changements de société que nous connaissons». Et Michel Ritter de citer, par exemple, la globalisation et son corollaire, le risque de ‘melting-pot’.

Ou encore les déplacements qui caractérisent notre société, les concentrations urbaines qui aspirent les travailleurs, et la campagne désormais vide qui attire les nantis en mal de tranquillité. Deux thématiques qui, selon lui, sous-tendent sa démarche en général et «Mursollaici» en particulier.

Décloisonnement

«Cette première exposition me sert un peu de test. Je voulais découvrir physiquement cette institution, et aussi tout ce qui l’entoure. C’est pour ça que j’ai monté cette exposition: pour voir comment on peut décloisonner cet espace», déclare Michel Ritter.

Alors les arts visuels contaminent les murs de tout le Centre, diversité des artistes et des démarches. Comme d’autres aspects de la création – musique, danse, théâtre – se propageront aux sols de tous les espaces. «Pour pouvoir mélanger, juxtaposer, superposer les différentes disciplines», précise-t-il.

Car à l’heure de la mondialisation et du chassé-croisé sus-cités, «il n’y a plus de classification des disciplines artistiques comme avant», constate Michel Ritter. Il s’agit donc de regarder comment deux disciplines mises en parallèle peuvent s’intensifier, prendre une vibration, une ampleur plus grande grâce à leur interaction. C’est un champ d’expérimentation qui m’intéresse».

Entre les images et les arts vivants, Michel Ritter va également glisser du cinéma, de la mode, du design, et même de la technologie, avec notamment une voiture électrique qui l’a fasciné.

«Mursollaici»… ou autrement écrit: mur-sol-là-ici. Tout simplement.

swissinfo, Bernard Léchot à Paris

« Mursollaici », jusqu’au 30 mars, Centre culturel suisse de Paris, 38, Rue des Francs-Bourgeois, 75003 Paris. Tel. 01.42.71.38.38.

– Michel Ritter, né à Fribourg en 1949, a dirigé le centre Fri-Art de 1990 à 2002. Il a également travaillé comme programmateur du Festival du Belluard.

– Le Centre culturel suisse est né en 1985, dans les murs de l’Hôtel Poussepin, rue des Francs-Bourgeois.

– Avant Michel Ritter, ce sont Werner Düggelin, puis Daniel Jeannet qui l’ont dirigé.

– Le Centre est composé de deux salles d’expositions, d’une salle de spectacle, d’une bibliothèque et d’une vidéothèque.

– Dépendant de la Fondation Pro Helvetia, son budget est de 1,8 million de francs par an.

– «Mursollaici» est le premier ‘événement’ proposé par Michel Ritter. Il rassemble des créateurs de tous secteurs, arts visuels, musique, cinéma, danse, théâtre etc.

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