
Patrick de Preux acquitté, gestionnaire de fortune condamné

(Keystone-ATS) Après des années de procédure, le Tribunal d’arrondissement de Lausanne a acquitté vendredi le notaire Patrick de Preux prévenu dans une affaire de captation d’héritage. Il a en revanche condamné le « cupide » gestionnaire de fortune.
Visiblement ému à l’annonce du verdict, Patrick de Preux s’est dit « très satisfait. J’ai énormément souffert de cette procédure. C’est pas très facile quand on voit son nom étendu dans les journaux, surtout quand on est notaire ».
Très dur à vivre
« J’ai pratiqué mon métier depuis 30 ans en appliquant strictement les règles. C’est dur de se faire vilipender par certains journaux. C’est très dur à vivre », a confié le patron du Lausanne Hockey Club (LHC) et ancien député libéral.
Le jugement suit entièrement le réquisitoire du procureur qui avait abandonné les charges contre Patrick de Preux (participation à escroquerie et faux dans les titres). Comme notaire, il a établi en 2004 un testament attribuant la fortune d’une dame âgée à une fondation visant des buts caritatifs, ce qui avait entraîné des plaintes de membres de la famille.
Pas de signe manifeste
Un des enjeux centraux du procès consistait à établir si cette femme disposait alors de sa capacité de discernement. Son médecin a établi un diagnostic de troubles cognitifs aggravés en 2004. Patrick de Preux a pour sa part affirmé que « rien » ne l’avait alerté lors des deux rencontres avec cette personne.
A coups d’expertises et de contre-expertises post-mortem, personne n’a été en mesure de déterminer finalement l’état de santé réel de cette femme à l’époque. « Il est impossible d’être catégorique », a déclaré le président, laissant le prévenu au bénéfice du doute.
Culpabilité très lourde
L’autre coaccusé du procès n’échappe pas en revanche à une condamnation pour gestion déloyale aggravée et faux dans les titres. Agé de 74 ans, malade, le gestionnaire de fortune écope d’un an de prison avec sursis pendant 5 ans et d’une peine pécuniaire de 180 jours-amende à 150 francs le jour.
« Votre culpabilité est très lourde », a déclaré le président de la Cour Pierre Bruttin. « Arrogant, hautain », mû par un esprit cupide, le gestionnaire « s’est assis sur les exigences de son métier, méprisant toutes les lois », montrant toute « sa désinvolture à l’égard des autorités tutélaires ».
« Ce n’est que l’âge, la maladie et la convention civile signée entre toutes les parties qui vous permet d’échapper à l’emprisonnement », a souligné le président. Entamé en juin, le procès avait été suspendu jusqu’à mercredi.
Pas perdu de client
Fin juillet, une convention « à satisfaction de tous » a été signée. Elle fait des plaignants les seuls héritiers des millions de francs encore disponibles, à la grande satisfaction de leur avocat Philippe Reymond.
Le gestionnaire de fortune a pesté contre ce jugement. « Ca fait sourire de recevoir pendant 9 ans des leçons de la part de gens qui ne sont pas du métier », a-t-il lancé. Malgré ça, « nous n’avons pas perdu un seul client », s’est-il félicité, en référence à sa société financière transmise depuis lors à sa descendance.