La Commission Bergier voit le bout du tunnel

La Commission indépendante d'experts Suisse-Seconde Guerre mondiale terminera ses travaux à la fin de l'année. Son rapport final sera rendu au printemps. Elle rechigne par ailleurs à rendre les archives des entreprises, comme l'exige le gouvernement.
D’ici au 31 décembre, date de sa dissolution, la commission fera encore paraître 25 nouvelles études. Elles seront notamment consacrées à l’industrie, à la finance, à l’économie, aux assurances et à la politique des réfugiés durant la dernière guerre mondiale.
Mercredi à Berne, Jean-François Bergier, le président de la commission, s’est dit très satisfait que ces études soient terminées à la date prévue. «Il est rare dans l’histoire de la Confédération qu’une commission rende son rapport à temps et sans dépasser le budget qui lui a été attribué.»
Et ce d’autant plus que la commission a dû travailler dans un climat très émotionnel. «On essaye d’éviter les pièges, afin d’accomplir notre travail dans les délais», a encore ajouté le professeur Bergier.
Il faudra toutefois attendre le printemps prochain pour disposer de la synthèse finale des travaux de la commission. Ce délai s’explique par le fait que le texte devra être disponible en quatre langues et qu’il faut mettre sur pied une version internet.
Ce rapport final comptera 400 ou 500 pages et sera vendu entre 40 et 50 francs. Les auteurs espèrent une large diffusion. Une version courte, notamment pour les écoles, n’est cependant pas prévue, car cette tâche n’entre pas dans les compétences de la commission.
La commission a par ailleurs profité de sa présentation pour dire tout le mal qu’elle pense de la récente décision du Conseil fédéral. Mardi, le gouvernement a en effet décidé que la commission devrait rendre aux entreprises qui le demandent toutes les copies de documents utilisés dans leurs recherches.
Pour Jean-François Bergier, cette question des archives est certes «secondaire», comparé à la rédaction du rapport final. Le professeur s’est toutefois dit très déconcerté par «ce jugement de Salomon négatif». Le Conseil fédéral veut satisfaire tout le monde, mais cette décision pourrait être négative pour la suite des recherches des historiens et mal perçue à l’étranger.
Il est encore très difficile de dire dans quelle mesure les entreprises voudront récupérer les copies des quelque 100 000 documents aux mains de la commission, estime le professeur Bergier. Mais si elles le font, la recherche pourrait être bloquée durant trente ans ou, pire, certains documents détruits.
En 1997, la commission avait conclu un accord prévoyant la restitution de ces documents. Jean-François Bergier relativise toutefois cet engagement en expliquant que cet accord n’avait été pris qu’avec douze d’entre elles. En demandant aujourd’hui la restitution de tous les documents, le Conseil fédéral va trop loin aux yeux de la commission.
Olivier Pauchard, Palais fédéral

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