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La politique n’est pas un jeu d’enfant

A l'images des "vrais" parlementaires, les jeunes suivent les débats avec plus ou moins d'attention. Keystone

Jusqu'à samedi soir, des adolescents participent à la Session des Jeunes à Berne. Au centre des débats, l'Europe. Reportage.

Un soleil doux entre dans la pièce. Dehors, les feuilles rouges des arbres complètent le tableau bucolique. Mais le temps n’est pas au romantisme: autour d’une table de conférence, onze jeunes et leurs deux animateurs discutent, au contraire, très sérieusement.

Les grincements des trains, ce jeudi après-midi, ne déconcentrent pas plus les participants. Par la fenêtre, on devine la gare de Berne. Les voyageurs arrivent, et repartent aux quatre coins de la Suisse. Ou peut-être même de l’Europe.
De l’Europe, il en est justement question…

Ces adolescents participent à la Session des Jeunes, qui se tient depuis jeudi à Berne. Pour sa dixième édition, la rencontre traite de politique extérieure. En petits groupes, les participants discutent de différents thèmes, allant de la finance à la pauvreté…

Rédiger une pétition

L’horloge de la gare marque 14h30. Pas le temps de traîner: les jeunes n’ont que deux jours pour rédiger une pétition sur la question européenne. Qui sera discutée, samedi matin par le plénum. S’il est voté, le texte sera transmis aux parlementaires – les vrais, ceux-là.

Voilà pour le but du jeu. Si l’on peut parler de jeu… En fait, il s’agirait plutôt d’un parcours d’obstacles. Comment s’organiser? Comment gérer la discussion? Autour de la table, les avis s’affrontent. Alors que certains participants ne décollent plus les yeux de leurs feuilles de papier, d’autres montent aux barricades. Les rapports de force s’organisent.

«Mais alors, quelle est la différence entre Schengen et la libre-circulation des personnes prévue dans les accords bilatéraux?» La remarque montre toute la difficulté, pour les politiciens en herbe, de débattre de sujets aussi complexes. Assez logiquement, les connaissances manquent.

Les intervenants flirtent avec les vingt ans

Mais les questions de fond sont bel et bien là. La Suisse se verra-t-elle imposer sa politique par l’Europe? Quelles seront les conséquences de l’ouverture à un tel marché pour les entreprises helvétiques? Et pour la neutralité?

On en oublierait presque que les intervenants flirtent avec les vingt ans. Quoique… Le débat se concentre finalement sur la formation. Et sur les possibilités d’échanges avec les écoles européennes.

«Je trouve que les jeunes Suisses connaissent assez mal le sujet», remarque un Français, au passeport à croix blanche. C’est la pause. Du balcon, on voit passer les trains. Et rosir les rails sous les derniers rayons de soleil.

Marx, Bakounine et le fromage au lait cru

Accents français, genevois, vaudois et neuchâtelois se mélangent. Et avec eux, le fromage au lait cru dans l’UE, les libéralisations, l’association ATTAC… Mais aussi la vie quotidienne à Paris, à Lausanne, à Genève…

«L’anarchie, c’est une très belle utopie», lance une jeune fille qui disserte sur Marx et sur Bakounine. Sur son badge, elle a tracé le sigle de son mouvement préféré. C’est très sérieux: elle veut faire de la politique. Pour changer les choses plutôt que de se plaindre sans bouger.

Finies les discussions. Place aux spécialistes. Deux pro-européens présentent l’UE, son histoire, ses institutions, ses relations avec la Suisse. Un cours passionnant. Mais les jeunes ne sont pas dupes. Et s’étonnent de n’avoir affaire qu’à des partisans de l’ouverture.

Refus de l’EEE

En deux heures, ces spécialistes brisent leurs espoirs. La Suisse est isolée, et les possibilités de formation à l’extérieur, notamment, limitées. Jetées avec l’EEE, un 6 décembre 1992.

De cet événement, les jeunes – un peu las – s’en souviennent. Même s’ils croient que 80% des Suisses ont refusé cet espace. Une note triste pour clore les débats. Mais dehors, le ciel devenu bleu foncé sera bientôt parsemé d’étoiles.

Caroline Zuercher

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