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Le futur du passeport biométrique encore incertain

Les données biométriques dans le nouveau passeport consisteront en une photographie du visage et deux empreintes digitales. Keystone

L'idée de disposer d'un passeport contenant des données biométriques n'enthousiasme que très moyennement les Suisses, comme le montre le premier sondage sur les votations du 17 mai prochain. La médecine complémentaire voit en revanche sa popularité confirmée.

A l’heure actuelle, plus de 50 pays émettent déjà des passeports biométriques et il devrait y en avoir une centaine d’ici une année. Les Suisses eux ne se montrent pas totalement convaincus par l’introduction de ce genre de documents électroniques.

A un peu plus de cinq semaines du vote, un sondage publié mercredi et réalisé par l’institut gfs.bern pour le compte du diffuseur national SRG SSR idée suisse montre qu’une courte majorité (47%) se dessine pour l’acceptation de cet objet. Mais 39% des sondés y sont en revanche opposés et 14% n’ont pas encore arrêté leur opinion.

«Dans ce genre de situation, on considère en général que l’issue du vote est ouverte», a indiqué Claude Longchamp, directeur de gfs.bern. Les chercheurs relèvent que cet objet suscite une «opposition considérable, qui peut s’appuyer tant sur les partis de droite que de gauche.»

Contre la banque de données

Vivement débattu au Conseil national (Chambre basse), où il a finalement passé par 94 voix contre 81 (12 abstentions), contesté par référendum, le nouveau passeport biométrique passe effectivement mal aux deux extrémités de l’échiquier politique.

Les sondés qui se disent proches de l’Union démocratique du centre (UDC, droite conservatrice) le refusent à 53%. Un score quasiment égal à celui qu’on trouve chez les personnes proches des Verts (55%). L’électorat socialiste quant à lui dit non à 41%.

Au niveau de l’argumentaire, les craintes liées à l’Etat fouineur sont exprimées par 64% des sondés. Et 56% d’entre eux estiment que ce genre de documents constituent une atteinte à la sphère privée.

Selon Claude Longchamp, ces inquiétudes auront un impact particulièrement marqué dans la campagne en cours. Davantage que le passeport biométrique lui-même, c’est en fait la création d’une banque de données centralisée gérée par la police fédérale qui suscite la méfiance.

En sa faveur, le passeport biométrique compte tout de même quelques atouts. Les sondés sont en effet 63% à le juger plus sûr et 47% à penser qu’en cas de refus, la liberté de voyage des Suisses s’en trouvera restreinte.

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Médecine complémentaire plébiscitée

Deuxième objet soumis au peuple le 17 mai, la médecine complémentaire fait moins débat. 67% des personnes interrogées y sont favorables, contre seulement 15% d’avis défavorables. Les indécis totalisent eux 18% des sondés. Si l’institut gfs qualifie là aussi la votation d’«ouverte», il relève néanmoins que jusqu’ici «les intentions de vote sont clairement orientées en faveur d’une approbation.»

Soutenu par le gouvernement et tous les partis gouvernementaux à l’exception de l’Union démocratique du centre (UDC/ droite conservatrice), le contre-projet qui vise à inscrire la prise en compte de la médecine complémentaire dans la Constitution convainc davantage l’électorat des Verts (82% de oui) et du parti socialiste (78% de oui).

A droite de l’échiquier politique, la proportion de sondés qui pourraient glisser un oui dans l’urne le 17 mai atteint malgré tout 61% chez les électeurs se disant proches du parti radical (PRD, droite). Elle monte même à 65% chez ceux proches de l’UDC.

Surprenant? «Aux questions qui concernent la santé, on a tendance à répondre à partir de sa propre expérience et de son quotidien. Cela n’a pas grand-chose à voir avec l’appartenance partisane», explique Claude Longchamp.

Epineux coûts de la santé

Pour ce qui est des arguments, le plus porteur est de loin le libre choix du patient en matière de thérapie, plébiscité par 63% des sondés. 47% d’entre eux estiment par ailleurs que les pratiques alternatives comme l’homéopathie, la médecine traditionnelle chinoise ou la phytothérapie devraient être réintégrées définitivement dans le catalogue des soins remboursés par l’assurance-maladie de base.

Contestée par le ministre de la Santé Pascal Couchepin lui-même, cette réintégration est loin de faire l’unanimité. Sur ce point, un nombre presque équivalent de personnes interrogées (49%) estiment que ceux qui veulent recourir à ce type de soins doivent continuer de les payer via des assurances complémentaires.

La question des coûts enregistre en fait les divergences les plus marquées. Ainsi, 57% des personnes interrogées estiment que les médecines complémentaires sont moins chères que la médecine classique. Mais 51% des sondés sont d’avis que leur prise en compte fera augmenter les primes d’assurance maladie. A cet égard, les chercheurs de l’institut gfs relèvent que le problème des coûts de la santé aura une portée déterminante lors du scrutin.

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D’autres intérêts

Reste qu’en termes absolus, ni les passeports biométriques ni la médecine complémentaire ne passionnent les foules. Seuls 35% des votants auraient pris part au scrutin s’il avait eu lieu à fin mars, constate l’institut gfs. D’habitude, cela monte à 40% avant les votations pour atteindre une participation de 45% en moyenne lors du scrutin.

«Actuellement, il y a des débats passionnés sur le secret bancaire, sur l’attitude à adopter face à l’Allemagne et aux pays étrangers en général, souligne Claude Longchamp. Ce sont les grands chantiers du moment. Dans ce contexte, une votation est un événement presque un peu secondaire.»

swissinfo, Carole Wälti

Le sondage s’est déroulé du 30 mars au 4 avril 2009.
1211 personnes d’âge et de profil socio-économique différents issues des trois régions linguistiques ont été interrogées par téléphone.
La marge d’erreur est de +/- 2,9%.
Un deuxième sondage sera effectué d’ici au 17 mai.

Le 17 mai prochain, les citoyens suisses se prononceront sur deux objets.

Le premier concerne les médecines complémentaires. Il s’agit d’un contre-projet élaboré par le Parlement à une initiative qui a été retirée.

Le texte soumis à votation vise à inscrire la prise en compte des médecines alternatives dans la Constitution, et, plus largement à faire en sorte qu’elles soient mieux prises en considération dans le système de santé suisse.

S’agissant d’une modification constitutionnelle, cet objet requiert la double majorité du peuple et des cantons.

Le second objet a trait aux nouveaux passeports biométriques. Une modification de la loi sur les documents d’identité a en effet été attaquée par référendum.

Le texte soumis à votation a pour but d’introduire dans la législation suisse l’usage de passeports et de documents de voyage pour les personnes étrangères contenant des données biométriques (photographie du visage et 2 empreintes digitales).

Ce type de documents est obligatoire dans l’Espace Schengen et le deviendra très prochainement aux Etats-Unis.

S’agissant d’un référendum facultatif, cet objet ne requiert que la majorité du peuple.

Passeports biométriques:
47% de oui
39% de non
14% d’indécis.

Médecines complémentaires:
67% de oui
15% de non
18% d’indécis.

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