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Référendum lancé contre l’achat de nouveaux avions de combat

La conseillère nationale Priska Seiler Graf (PS/ZH) a pris la parole aux côtés de Lewin Lempert, secrétaire du GSsA (gauche) et du conseiller national Fabien Fivaz (Verts/NE) (droite) lors d'une conférence de presse pour lancer le référendum contre l'achat d'avions de combat mercredi à Berne. KEYSTONE/AA sda-ats

(Keystone-ATS) Les Helvètes devraient pouvoir voter sur l’achat de nouveaux avions de combat pour un montant de 6 milliards de francs. Le PS, les Verts et le groupe pour une Suisse sans armée (GSsA) ont lancé mercredi le référendum contre cet achat.

L‘acquisition d‘avions de combat n‘a aucun sens du point de vue de la politique de sécurité, selon les référendaires. “Pour garantir les services de police aérienne, des avions de chasse légers suffiraient. Or cette alternative moins coûteuse n‘a même pas été examinée par le département de la défense (DDPS), a déclaré la conseillère nationale Priska Seiler Graf (PS/ZH) mercredi devant la presse à Berne.

De leur côté, les Verts estiment que le prolongement de la durée de vie des F/A-18 est la bonne solution actuellement, puisque 10 à 12 avions suffisent à assurer la police du ciel. Les F/A-18 sont en effet prévus jusqu’en 2030, mais pourraient voir leur durée de vie prolongée si leur utilisation était limitée aux missions importantes, a expliqué le conseiller national Fabien Fivaz (Verts/NE).

Plus cher qu’annoncé

Pour Lewin Lempert, secrétaire de GSsA, si l‘on inclut dans le calcul les coûts d‘entretien, de réparation et d‘exploitation, ce sont 24 milliards de francs qui seront dépensés pendant toute la durée d’utilisation des jets.

En outre, de nouveaux achats d’armements pour 9 milliards de francs devraient être effectués au cours des prochaines années. Il s’agit du programme d’armement le plus cher et le plus important de l’histoire suisse, selon le secrétaire du GSsA.

Cet argent manquera ailleurs, par exemple dans l’éducation, la santé, la sécurité publique, la sécurité sociale ou le problème le plus pressant, la lutte contre le changement climatique, a-t-il relevé. Le référendum est donc “obligatoire”.

“La Suisse entourée de pays amis”

Selon les référendaires, même le Conseil fédéral reconnaît qu’une guerre conventionnelle est hautement improbable et que les principales menaces sont ailleurs, argumente Fabien Fivaz. Les avions de combat sont inutiles dans la cyber-guerre, contre le terrorisme ou les missiles de croisière.

Le conseiller national est revenu sur l’achat de Gripen que les Suisses avait rejeté il y a six ans. Le prix de 3,1 milliards avait déjà été jugé trop élevé.

Il est incontestable que l’espace aérien et la population suisse doivent être protégés, a poursuivi Priska Seiler Graf. L’espace aérien est le point faible de la “petite” Suisse, mais heureusement, elle est entourée de pays amis. “Nous bénéficions donc d’un solide parapluie de l’OTAN dans le cas le plus improbable d’une attaque.”

Votation en automne

Le référendum est soutenu par Greenpeace, les Jeunes socialistes, les Jeunes Verts ainsi que diverses organisations de paix. Le Parlement a voté en décembre en faveur de l’achat de nouveaux avions de combat à une large majorité. Les opposants ont jusqu’au 9 avril 2020 pour recueillir les 50’000 signatures nécessaires pour un référendum. Le scrutin pourrait avoir lieu le 27 septembre 2020.

Pour faire barrage aux référendaires, l’UDC, le PLR, le PDC ainsi que des officiers et des associations professionnelles se sont associés. Sans armée de l’air, l’armée ne pourrait pas remplir son mandat de défense défini par la Constitution, avancent-ils dans un communiqué. Pour eux, un non aux nouveaux avions de combat sonnerait comme un non à l’armée.

À partir de 2025

Le choix du modèle sera du ressort du Conseil fédéral. Il devrait être effectué début 2021 au plus tard.

Quatre jets sont sur les rangs pour remplacer les 26 Tiger et les 30 F/A-18: le Français Rafale (Dassault), l’Européen Eurofighter (Airbus) et deux avions américains, le Super Hornet de Boeing et le F-35A de Lockheed-Martin. Les premiers avions devraient décoller à partir de 2025.

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