IBM s’investit dans le «grille» du CERN
Imaginé par les physiciens du CERN de Genève, le «Grid» (la «grille»), le super réseau informatique appelé à relayer le Web, bénéficiera du savoir-faire du géant IBM. Le géant International Business Machines vient d'annoncer une participation active au projet.
A nouveau, le centre de recherche situé à la frontière franco-genevoise contribue notablement à l’évolution du réseau des réseaux. Et IBM vient d’annoncer qu’il a été choisi pour contribuer à la mise au point de l’Internet de la nouvelle génération, qu’on appelle le «DataGrid», ou en abrégé le «grid», c’est-à-dire la «grille».
Les industriels très intéressés
Le géant International Business Machines va développer dans un premier temps deux «grilles» régionales, l’une reliant neuf centres universitaires britanniques, l’autre cinq universités néerlandaises.
L’arrivée de ce poids lourd de l’informatique marque une étape importante de ce projet: jusqu’ici confiné aux milieux de la recherche, il est à présent endossé par les industriels.
Comme dans le cas du World Wide Web inventé par Tim Berners-Lee et ses collègues au début des années 90, qui a rendu Internet accessible au grand public, c’est au CERN qu’a été incubée cette nouvelle mouture du réseau des réseaux.
Depuis, des scientifiques du monde entier se sont attelés au projet, mais les physiciens du laboratoire européen de recherche en physique des particules restent les maîtres de cérémonie.
La «grille» se démocratisera
Il faut dire que leur intérêt pour ce projet correspond à des besoins très concrets. Leur nouvel accélérateur géant de particules, le LHC (grand collisionneur de hadrons), qui commencera à fonctionner en 2005, générera d’énormes masses de données. Pour les stocker et les traiter, il faudrait un parc d’ordinateurs gigantesque, beaucoup trop coûteux pour les budgets du CERN.
C’est dans la perspective de ce torrent de données, mesuré en TéraBytes et en PetaBytes (respectivement un million et un milliard de millions de bytes), que les physiciens ont planché sur ce projet de réseau distribué.
Le «DataGrid» reliera entre eux, à l’aide de connexions hyper-rapides, un grand nombre d’ordinateurs, donnant accès à la fois aux données qu’ils gèrent et à leurs capacités de calcul. Les premiers à en profiter seront les scientifiques des disciplines gourmandes en ressources informatiques, comme la physique des particules, la climatologie ou la génomique.
Mais comme le Web, le «DataGrid» est appelé à se démocratiser et à permettre aussi aux particuliers d’accéder à d’énormes banques de données. Par exemple, explique Hans Falk Hoffmann, un des animateurs du projet au CERN, au moment d’acquérir un terrain pour y construire une maison, il sera possible d’accéder au détail des statistiques météorologiques des dix dernières années pour se faire une idée précise du régime local des pluies.
Jean Lasar
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