La déception unanime des ONG
Sommet de pâte feuilletée, miettes pour les pauvres: c'est à qui trouvera la meilleure image traduisant le sentiment général des ONG.
Comme ce propos désabusé de Greenpeace: «la meilleure chose qu’on peut dire du Sommet est qu’il aurait pu être pire».
A Johannesburg, les organisations non gouvernementales de Suisse ont plutôt brillé par leur absence.
Non par désintérêt, quoique certaines n’y croyaient pas assez pour faire le déplacement. Mais surtout faute de moyens financiers suffisants.
Pro Natura – Les amis de la terre, Greenpeace et la Communauté de travail des œuvres suisses d’entraide n’ont donc pas eu besoin de faire de gros efforts de concertation pour aboutir à ce constat unanime que «le Sommet de la Terre est une déception».
Beaucoup de discours, peu de choses concrètes, disent-elles dans leur communiqué commun publié à Johannesburg.
Seule consolation: «après dix ans d’une globalisation incontrôlée, l’environnement et la lutte contre la pauvreté sont de nouveau à l’agenda politique».
A titre d’exemples
Dans leur bilan provisoire, les ONG suisses constatent d’abord qu’il n’y a «rien pour les bras et rien pour le climat»: le projet de 10% d’énergies renouvelables en l’an 2010 a été férocement combattu par les États-Unis.
Qu’ensuite le texte sur la complémentarité des accords sur le commerce, l’environnement et le développement social n’apporte pas toute la clarté voulue: «les négociations sur ce thème se poursuivront à l’OMC».
Qu’enfin, au chapitre de la biodiversité, les ministres n’avaient à Johannesburg qu’une seule préoccupation, celle de freiner le processus qui vise à toujours mieux protéger les espèces naturelles.
Partenariats porteurs d’espoirs
Claude Martin, directeur général du WWF international présent à Johannesburg, et qui disait n’avoir jamais attendu grand’chose de ce Sommet, avoue aujourd’hui n’y avoir même pas trouvé le peu qu’il y cherchait.
Parce que cette Conférence n’a pas réussi à traiter vraiment des causes de la pauvreté. Et parce que son plan d’action manque de calendriers et d’objectifs précis.
Pour lui, l’une des principales leçons que l’on retirera de Johannesburg n’est rien d’autre que «l’attitude honteuse de certains gouvernements».
Mais, en positif, Claude Martin note quand même l’émergence de nombreux partenariats originaux entre secteur public et secteur privé, ce qui, à ses yeux, représente sans aucun doute «une voie d’avenir.»
Pour des synergies nationales
Précisément, René Longet, président de la Société suisse pour la protection de l’environnement, mais aussi membre de la délégation officielle à Johannesburg, regarde déjà plus loin.
«Ici, nous dit-il, on a beaucoup parlé de stratégies nationales, nous en avons discuté entre les non gouvernementaux de la délégation, c’est-à-dire entre représentants des cantons, de l’économie et des ONG.
Il faudrait, de retour en Suisse, créer une plate-forme de soutien au développement durable. Avec plus de moyens institutionnels et plus d’argent pour soutenir les collectivités locales. Et, pourquoi pas? un délégué ou un Secrétaire d’Etat au développement durable.»
swissinfo/Bernard Weissbrodt à Johannesburg

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