Le bostryche prolifère dans les forêts de l’après-Lothar
Les forestiers l'attendaient depuis le printemps, elle est là. La seconde génération de bostryches de l'année est en train de s'attaquer aux arbres affaiblis par le passage de l'ouragan Lothar. Phénomène normal, mais la forêt suisse n'en sortira pas indemne.
Jeudi, le Service forestier du Canton du Jura a été le premier à tirer la sonnette d’alarme, suivi de peu par la Direction de l’économie publique zurichoise. Vaud s’apprête à faire de même, mais tous les cantons touchés par Lothar son concernés.
Le seul remède est d’arracher l’écorce
Le phénomène avait déjà été observé dans les années suivant le passage de l’ouragan Vivian en 1990. La prolifération de ces petits coléoptères avait atteint un sommet au cours de l’été 92, avant de décliner et de revenir à la normale.
L’explication est simple: les larves du bostryche se développent particulièrement bien dans le bois mort. Avec tous les troncs jetés à terre par Lothar et les résidus des coupes laissés par le nettoyage des forêts, les conditions sont actuellement idéales pour lui assurer une nombreuse descendance.
Et une fois adultes, ces insectes se nourrissent volontiers du bois tendre des arbres malades, qu’ils attaquent en s’infiltrant sous l’écorce. En cas de population surabondante, ils commencent même à s’en prendre aux arbres sains. Le seul remède est alors d’en arracher l’écorce.
Mais avant d’en arriver là, il est recommandé de débarrasser la forêt des troncs tombés à terre et des résidus de coupe. Passablement avancé en plaine, ce travail ne pourra jamais être complètement achevé en montagne.
En effet, le terrain accidenté ne facilite pas le travail des bûcherons et l’exercice n’est absolument pas rentable, compte tenu de la saturation du marché du bois, bien trop abondant depuis le passage de Lothar.
La météo est primordiale
Heureusement, les forêts de montagne sont relativement protégées du bostryche par leur climat. Ces insectes ont en effet besoin d’un climat chaud et humide pour proliférer. Au vu des conditions de ce printemps et de ce début d’été, il paraît donc exclu qu’une seconde génération puisse naître en altitude.
Quant à la plaine, elle ne devrait pas non plus connaître une année propice à l’éclosion d’une troisième génération. Le bostryche cuvée 2001 restera donc un millésime tout à fait dans la norme d’une période d’après-ouragan.
Quant à savoir quand les populations de ces coléoptères se stabiliseront à nouveau au niveau de celui d’une forêt saine, Beat Forster, de l’Institut fédéral de recherches sur la forêt (WSL), reste prudent. Selon lui, cela dépendra essentiellement de la météo et des mesures de prévention que pourront prendre les forestiers.
Marc-André Miserez
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