Türken-Müller, directeur général des Chemins de fer Orientaux.
Thomas Kern/swissinfo.ch
Les Suisses de l'étranger ont tous des histoires particulières. Une exposition au Forum de l'histoire suisse à Schwytz raconte le destin d’émigrants et les origines de l'Organisation des Suisses de l'étranger.
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J'écris sur des thèmes concernant les Suisses de l'étranger et sur des particularités helvétiques. Je rédige aussi des newsletters quotidiennes pour la Cinquième Suisse.
Après des études en sciences de la communication, j'ai été employé comme reporter par des radios et télévisions privées. Je travaille depuis 2002 chez SWI swissinfo.ch dans différentes fonctions.
En tant que rédactrice photo, je suis responsable de l'utilisation éditoriale de la photographie chez SWI swissinfo.ch et de nos collaborations avec les photographes. Lorsque l'occasion se présente, je prends un appareil photo et accompagne l'un de nos journalistes.
J'ai suivi une formation de photographe à Zurich et j'ai commencé à travailler comme photojournaliste en 1989. J'ai été l'un des fondateurs de l'agence photographique suisse Lookat Photos en 1990. Deux fois lauréat du World Press Award, j'ai également reçu plusieurs bourses nationales suisses. Mon travail a fait l'objet de nombreuses expositions et est représenté dans plusieurs collections.
Jakob Müller, jeune cheminot de Lucerne surnommé «Türken-Müller», a émigré à Istanbul. Il entame une carrière dans le domaine du livre illustré, avant de devenir directeur desLien externeChemins de fer OrientauxLien externe. Une fonction qui honore sa rigueur, ses compétences, sa motivation, ainsi que sa fidélité et sa loyauté, souligne la nécrologie de cet homme, parue dans le Luzerner Tagblatt en 1923.
Pia Schubiger, commissaire de l’exposition.
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Pia Schubiger a réuni des récits d’émigrés helvétiques par module thématique. Textes, objets, photographies et films donnent un visage aux Suisses de l’étranger. La curatrice a lu de nombreux témoignages d’émigrés. Si tous n’ont pas connu le succès, leur trajectoire de vie demeure néanmoins captivante.
«Leur parcours fascine: le courage de tenter quelque chose de nouveau ailleurs, la recherche de nouvelles perspectives, sans savoir exactement ce qui les attend. En nous plongeant dans leur histoire, nous nous identifions à ces personnes très intéressantes», relève Pia Schubiger.
Une nouvelle appellation
Suisses de l’étrangerLien externe: cette dénomination n’existe que depuis 1916, année de fondation de l’Organisation des Suisses de l’étranger (OSE). Auparavant, on les appelait simplement des émigrants. L’histoire de l’émigration suisse et de la création de l’OSE constitue le second point fort de cette exposition.
L’exposition sera inaugurée le 13 avril. Elle durera jusqu’au 29 septembre 2019.
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Fiches d’enregistrement des émigrants. Jusqu’en 1926, seuls ceux qui se trouvaient déjà à l’étranger étaient enregistrés.
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La plupart des Suisses de l’étranger vivent en Europe.
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Des tablettes pour en savoir plus.
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En 1883, Olympe Rittener accepte un poste de professeure de français à Krasnoyarsk, en Sibérie occidentale. Elle rentre chez elle, à Payerne, 7 ans plus tard.
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Dans le passé, les données relatives à l’émigration des ressortissants suisses étaient enregistrées sur ces fiches.
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Audioguides.
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Localisation des Suisses de l’étranger.
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Les deux passeports, suisse autrichien de Jakob Müller. Engagé par les Chemins de fer ottomans, il part en 1877 à Constantinople pour devenir par la suite directeur des Chemins de fer Orientaux.
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Les Ordres décernés entre 1897 et 1916 à Jakob Müller, pour son poste de directeur des Chemins de fer Orientaux.
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Dans cette salle, un «Bureau des histoires de migration» enregistrera toutes les deux semaines l’histoire des familles des visiteurs.
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Ingénieur d’origine suisse, Othmar Ammann a bâti les plus célèbres ponts de New York
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Pendant des siècles, la Suisse a été un pays d’émigration. Beaucoup d’Helvètes étaient des mercenaires. «A partir de 1850, on peut parler d’émigration massive», note Pia Schubiger. En 1888, la Confédération crée un Office fédéral de l’émigration. «Les autorités ont constaté que ces émigrants ne pouvaient pas être abandonnés à eux-mêmes. Un contrôle était nécessaire, en particulier des agences d’émigration. Certaines agissaient de manière incorrecte. Elles s’enrichissaient ou n’acheminaient pas les voyageurs et ne prenaient soin d’eux comme il se doit.»
L’exposition «La Suisse ailleursLien externe» est à découvrir du 13 avril au 29 septembre 2019, au Forum de l’histoire suisse à Schwytz.
Pour la première fois, des statistiques sont collectées, mais uniquement sur les émigrants d’outre-mer. Accompagner les émigrants là où ils se trouvent, telle était l’idée qui a donné naissance à l’OSE en 1916, précise Pia Schubiger. Se posait, à l’époque, la question de savoir comment ces personnes représenteraient la Suisse à l’étranger. En 1966, le soutien à la «Cinquième Suisse» est inscrit dans la Constitution fédérale.
«Un symbole fort»
L’OSE se félicite de l’exposition à laquelle elle a contribué: «C’est une reconnaissance importante et un symbole fort que l’un des musées nationaux ait décidé d’aborder ce thème», déclare sa directrice Ariane Rustichelli.
«Ces histoires passionnantes et variées des Suisses de l’étranger ainsi que le retour sur les origines de l’OSE présentés par le Musée national suisse me réjouissent», écrit l’ambassadeur Johannes Matyassy, directeur de la Direction consulaire. Cette unité du Département fédéral des affaires étrangères constitue le point de contact principal de la Confédération répondant aux questions des Suisses de l’étranger.
Portraits #WeAreSwissAbroad
L’exposition offre également l’occasion de lire de nombreux portraits de Suisses de l’étranger avec la série #WeAreSwissAbroad de swissinfo.ch.
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Entre les différents modules thématiques et la partie dédiée à l’OSE, les visiteurs peuvent se reposer sur un banc et lire sur tablette la série de portraits d’émigrés publiée par swissinfo.ch sur Instagram avec le hashtag #WeAreSwissAbroad.
L’exposition relate également l’histoire de l’ancien Service suisse des ondes courtes, qui diffuse dès 1935 des émissions destinées aux Suisses installés à l’étranger. La chaîne a été rebaptisée Radio Suisse Internationale en 1978, puis swissinfo.ch en 1999.
De nombreux événements ont lieu en marge de l’exposition. La journaliste Susann Bosshard-Kälin, par exemple, parlera de son projet «Einsiedeln anderswo»Lien externe («Einsiedeln ailleurs»), qui retrace l’histoire des émigrants de ce village. Le petit-fils du « Türken-Müller », Jacques Müller, racontera, pour sa part, la vie de son grand-père.
Au-delà de l’exposition
Tout au long de l’exposition, des témoignages seront recueillis. En collaboration avec l’association Musée imaginaire des migrationsLien externe, les organisateurs invitent deux fois par mois les visiteurs à venir partager leur histoire familiale et à l’enregistrer. Il s’agit d’un véritable trésor qui dépasse la simple exposition, selon Pia Schubiger: «Nombreuses sont les histoires qui pourraient être couchées sur papier, car tout aussi passionnantes que celles que nous présentons ici.»
Billets gratuits
Partenaire média de l’exposition, swissinfo.ch attribue un nombre limité de billets gratuits selon le principe «premier arrivé, premier servi». Ecrivez un courriel à Thomas Waldmeier (Thomas.Waldmeier@swissinfo.ch), avec la mention «La Suisse ailleurs».
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