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Sursis pour la fonderie MBF de Saint-Claude

(Keystone-ATS) Le tribunal de commerce de Dijon a accordé un délai supplémentaire aux candidats à la reprise de la fonderie MBF Aluminium de Saint-Claude (Jura), menacée de fermeture. La région s’est dite prête à monter au capital de l’entreprise pour favoriser une nouvelle proposition.

« Le dossier va être rouvert jusqu’au 9 juin et de nouveaux repreneurs vont pouvoir prétendre acquérir MBF », a indiqué mardi à la sortie de l’audience à huis-clos Koray Sukran, délégué syndical Sud. Le tribunal de commerce de Dijon examinera les offres de reprises le 15 juin prochain.

Jusqu’à présent, seul l’entrepreneur Michaël Azoulay a proposé une reprise. Il s’est dit prêt à conserver 229 salariés, soit 42 de moins que l’effectif actuel. Son offre n’a pas été officiellement écartée.

Alors que jusqu’à lundi, M. Azoulay indiquait ne disposer que de la moitié des fonds exigés pour la reprise (1 million d’euros), « il a pu montrer à l’audience qu’il avait le soutien de banques régionales pour être l’acquéreur potentiel », a pour sa part rapporté Nail Yalcin, délégué CGT.

« Le dossier a été porté à haut niveau, tout le monde est au courant, la seule chose qui manque c’est une volonté de Renault et de l’Etat de soutenir cette offre-là », a encore affirmé M. Yalcin. Les groupes automobiles Renault et Stellantis (ex-PSA) sont les deux principaux clients de la fonderie, premier employeur privé du bassin d’emploi sinistré du sud du Jura.

Partenariat public-privé

Dans un courrier obtenu par l’AFP avant l’audience, Marie-Guite Dufay, la présidente PS sortante de Bourgogne-Franche-Comté, a écrit souhaiter « ouvrir une ultime voie afin de permettre la continuité d’activité », à travers un montage public-privé. L’idée est de demander l’accompagnement de l’Etat « pour constituer un pool d’investisseurs ».

Mme Dufay, candidate à un nouveau mandat en juin, affirme que la collectivité pourrait monter au capital de l’entreprise à hauteur de 33%, conduisant à une participation de la région qu’elle estime entre 300’000 et 600’000 euros.

Réticences

Après avoir reçu l’intersyndicale, la socialiste a affirmé avoir appris de Bercy que « l’Etat ne suivrait pas M. Azoulay », évoquant un « passif fiscal » de l’entrepreneur et le refus de Renault de travailler avec lui.

« L’Elysée a donné son aval pour que l’on demande une période d’observation supplémentaire au tribunal. Pendant ce temps, l’Etat débloquera le chômage partiel pour les salaires », a-t-elle précisé, réclamant « une relation constructive avec les constructeurs ».

« Les cartes sont rebattues, un nouveau sursis est donné. On espère que M. Azoulay parviendra d’ici à l’audience à reconquérir la confiance de l’Etat et qu’un plan B monté par la région émergera », a réagi l’avocat du CSE Georges Meyer.

Action des employés

Plusieurs dizaines de salariés avaient fait le déplacement mardi devant la cité judiciaire de Dijon, où ils ont déposé des carters de moteurs et les éléments de boîtes de vitesse qu’ils produisent.

La semaine dernière, quatre représentants syndicaux avaient observé une grève de la faim de plusieurs jours, et des employés ont placé des bouteilles de gaz et d’azote dans les murs de la fonderie, menaçant de la faire sauter faute de solution de reprise.

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