Meurtre de Morges (VD): 20 ans de réclusion (TPF)
(Keystone-ATS) Le Tribunal pénal fédéral a prononcé mardi une peine de 20 ans contre l’auteur du meurtre commis à Morges (VD) en septembre 2020. La sanction est assortie d’une mesure thérapeutique en milieu fermé et non de l’internement réclamé par le Ministère public.
L’accusé a été reconnu coupable d’assassinat et tentative d’assassinat, tentatives d’incendie et d’explosion, menaces et violences contre des fonctionnaires. La Cour des affaires pénales a également retenu la représentation de la violence et la propagande en faveur de l’Etat islamique (EI) ainsi que des infractions à la loi sur les stupéfiants.
Le procureur avait requis une peine de 18 ans de prison assortie de l’internement ordinaire. Il s’était opposé à toute mesure thérapeutique jugée inutile pour un sujet qui n’était pas demandeur de soins. La durée de la détention préventive – 1307 jours – sera déduite de la peine. Le jugement n’est pas définitif et peut être attaqué devant la Cour d’appel du Tribunal pénal fédéral.
«Une peine qui ait une fin»
Toutefois, un tel rebondissement paraît peu probable. La défense était favorable à la mesure ordonnée par le tribunal. «La Cour des affaires pénales a assez largement suivi ma plaidoirie», a constaté Me Nadia Calabria à la sortie de l’audience. L’avocate avait demandé que soit prononcée une peine «qui ait une fin», afin que son client ait une perspective.
Quant au Ministère public de la Confédération, il se dit satisfait que les juges aient retenu la quasi-totalité des chefs d’accusation. Il réserve cependant sa décision concernant un éventuel appel.
Le président de la cour a rappelé que le prévenu s’était inspiré d’un «tuto» de l’EI pour asséner «dans la région des reins» un seul coup de couteau mortel lors de l’attentat de Morges. Un acte longuement préparé, tout comme les tentatives d’incendie et d’explosion d’une station-service de Prilly (VD) un an plus tôt.
Extrême gravité
L’agression d’un gardien de prison et d’un agent de la police fédérale (FedPol) par le prévenu durant sa détention, toujours selon une méthode préconisée par l’EI, a également été évoquée. De même que la propagande islamiste et la détention d’images et de vidéos d’une violence insoutenable.
Le magistrat a souligné l’extrême gravité des infractions retenues. «Le prononcé d’une peine à vie, dépassant les 20 ans, aurait été possible, a-t-il précisé, mais il convenait de tenir compte de la responsabilité moyennement diminuée attestée par les experts psychiatres.»
Quant à la mesure thérapeutique en milieu fermé, elle a été prononcée en raison de l’amélioration possible de l’état psychique de l’accusé, chez qui une schizophrénie simple a été diagnostiquée.
Le président a terminé la lecture du jugement par une exhortation à l’adresse du prévenu qui est resté prostré comme durant les audiences en décembre dernier: «Profitez du temps que vous allez passer en détention pour vous soigner et acquérir des connaissances utiles pour vous-même, vos proches et la société.»
Le prévenu, âgé aujourd’hui de 29 ans, avait poignardé mortellement un jeune Portugais dans un kebab le 12 septembre 2020 à Morges. L’homme sortait alors de 14 mois de détention après l’affaire de la station-service. Les enquêteurs avaient alors découvert qu’il détenait et diffusait de la propagande islamiste. (cause SK.2022.35)