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Un bureau de l’ONU contraint de fermer sous la pression au Burundi

Un bureau de l'ONU contraint de fermer sous la pression au Burundi. Photo: Doudou Diene, président de la commission d'enquête des Nations unies sur le Burundi (archives). KEYSTONE/SALVATORE DI NOLFI sda-ats

(Keystone-ATS) Les tensions ouvertes entre l’ONU et le Burundi ont abouti à une nouvelle conséquence. Après l’insistance du gouvernement de ce pays, le bureau du Haut-Commissariat aux droits de l’homme a été fermé jeudi dernier, a annoncé mardi celui-ci à Genève.

Ce dispositif était présent depuis plus de 20 ans mais les autorités ont demandé en décembre dernier cette fermeture, estimant qu’il n’était plus indispensable. Le personnel a été déplacé dans la région, a expliqué devant la presse une porte-parole du Haut-Commissariat. Les inquiétudes et appels récurrents, notamment de la Suisse, au Conseil des droits de l’homme après les violences liées au contexte électoral en 2015 ont tendu les relations entre l’ONU et le Burundi.

Les conclusions de la Commission d’enquête internationale, mandatée par cette instance, sur de possibles crimes contre l’humanité à plusieurs reprises ont achevé d’ancrer ces divergences. Mais le Burundi avait suspendu sa collaboration dès octobre 2016 avec le bureau du Haut-Commissariat, après un rapport. Il avait aussi expulsé récemment plusieurs de ses membres quelques semaines après leur arrivée pour une mission dans ce pays.

Toutefois, le bureau le Haut-Commissariat au Burundi et son siège à Genève ont aussi continué de recevoir près de 12’000 allégations de violations des droits de l’homme. Après la fermeture du bureau, la Haute commissaire Michelle Bachelet a fait part de son «profond regret».

Cette infrastructure avait été lancée il y a plus de 20 ans dans le contexte de violations massives des droits de l’homme. Elle avait contribué notamment à garantir que les droits de l’homme soient pris en compte dans l’application de l’accord de paix entre Burundais mais aussi à des réformes législatives et l’augmentation des organisations de la société civile.

Président visé récemment

«Malheureusement, un bon nombre de ces avancées en matière de droits de l’homme ont été mises en péril depuis 2015», a déclaré Mme Bachelet. Récemment, le Burundi a établi une nouvelle réglementation pour les ONG étrangères, imposant des quotas ethniques pour leur personnel. La plupart, à quelques exceptions près, ont décidé de les honorer alors que quelques-unes ont décidé d’arrêter leurs activités en raison de ces contraintes.

Mme Bachelet a dénoncé le manque de collaboration des autorités du Burundi, qui elles revendiquent le maintien d’un lien et disent toujours vouloir travailler avec le Haut-Commissariat. Celles-ci «sont même allées jusqu’à inclure des menaces pour poursuivre les membres de la Commission d’enquête internationale indépendante», explique-t-elle.

Elle a rendu hommage aux nombreux défenseurs des droits de l’homme et aux acteurs de la société civile au Burundi. Beaucoup d’entre eux ont été arrêtés ou contraints à fuir. «Nous continuerons» à dénoncer les violations dans le pays, a-t-elle dit.

Le président Pierre Nkurunziza a promis de ne pas se présenter au scrutin de 2020. Les violences liées au contexte électoral en 2015 au Burundi auraient fait au moins 1200 tués et plus de 400’000 réfugiés, selon la Cour pénale internationale (CPI). Dans un rapport publié en 2018, la Commission d’enquête internationale avait de son côté ciblé directement le chef de l’Etat.

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