
Vol spectaculaire de joyaux d’une valeur «inestimable» au Louvre

Des joyaux "d'une valeur inestimable", dont une couronne impériale ornée de plus d'un millier de diamants qui a été retrouvée endommagée, ont été dérobés dimanche matin au musée du Louvre lors d'un cambriolage spectaculaire dont les auteurs ont pris la fuite.
(Keystone-ATS) Entre 09h30 et 09h40, trois ou quatre cambrioleurs se sont introduits dans la galerie d’Apollon, qui abrite notamment les joyaux de la Couronne de France, fracturant les fenêtres à l’étage à l’aide d’une disqueuse portative après s’être hissés depuis l’extérieur sur une nacelle, a-t-on appris de sources concordantes. Les bijoux étaient protégés par des vitrines.
L’un des joyaux a été retrouvé «aux abords» du musée, a annoncé à la mi-journée la ministre de la Culture française Rachida Dati, selon laquelle il est «en cours d’évaluation».
Il s’agit de la couronne de l’impératrice Eugénie, l’épouse de Napoléon III (1808-1873), qui a été retrouvée endommagée à proximité du musée, a appris l’AFP de source proche du dossier.
Les visiteurs du musée, qui avait ouvert ses portes à 09h00, ont été rapidement évacués «sans incident aucun», a indiqué Le Louvre à l’AFP.
Le butin est d’une «valeur inestimable», a déclaré le ministre de l’Intérieur, Laurent Nuñez, qui a expliqué à des médias français que les voleurs avaient opéré en «7 minutes».
Diamants de la Couronne
Dans la galerie d’Apollon, ils se sont concentrés sur «2 vitrines», selon M. Nuñez.
Construite à la demande du roi Louis XIV, cette galerie abrite la collection royale de gemmes et les diamants de la Couronne, dont trois pièces historiques, le Régent, le Sancy et l’Hortensia.
M. Nuñez, ancien préfet de police de Paris tout juste nommé à l’Intérieur, a assuré avoir «bon espoir» que les malfaiteurs, qui ont pris la fuite en scooter, soient interpellés «très rapidement».
Selon lui, il s’agit de malfaiteurs «chevronnés» qui pourraient être «étrangers». Un scooter a été retrouvé après leur fuite.
Sur X, le musée, qui a accueilli près de 9 millions de visiteurs en 2024, dont 80% d’étrangers, a annoncé sa fermeture dimanche pour «raisons exceptionnelles». Sa direction a précisé à l’AFP vouloir ainsi «préserver les traces et indices pour l’enquête».
Le président de la République Emmanuel Macron est «informé de la situation en temps réel», a fait savoir l’Elysée.
«Vulnérabilité»
Interrogé sur de possibles failles dans le dispositif de surveillance, le ministre de l’Intérieur n’a pas fait de commentaires, mais a toutefois relevé que la sécurité des musées était fragile.
«On sait très bien qu’il y a une grande vulnérabilité dans les musées français», a déclaré M. Nuñez, rappelant qu’un «plan de sécurité» récemment lancé par le ministère de la Culture «n’épargnait pas» le musée du Louvre.
Des propos qui font écho à plusieurs cambriolages qui ont récemment visé des musées en France. Mi-septembre, des spécimens d’or natif – l’or sous sa forme naturelle – ont été volés lors d’une effraction au Muséum national d’Histoire naturelle de Paris, qui a déploré une «perte inestimable» pour la recherche et le patrimoine.
Le musée a évalué la valeur du préjudice à environ 600’000 euros.
La France, cible de choix
Durant le même mois, un musée de Limoges, dans le centre de la France, faisant référence dans le domaine de la porcelaine, a subi un cambriolage dont le préjudice est estimé à 6,5 millions d’euros.
«La criminalité organisée aujourd’hui s’attaque aux objets d’art et les musées sont devenus des cibles», a estimé la ministre de la Culture, soulignant que la France était concernée au premier chef en tant que «pays patrimonial».
«Il faut adapter ces musées aux nouvelles formes de criminalité», a ajouté Mme Dati, assurant qu’un «audit de sécurité» avait été récemment mené au Louvre à la demande de la direction.
Le dernier vol recensé au Louvre a eu lieu en 1998 quand une toile du peintre français Camille Corot avait été volée en pleine journée. Elle n’a jamais été retrouvée depuis.
Beaucoup plus loin dans le temps, c’est La Joconde qui avait été dérobée en 1911 par un vitrier italien qui souhaitait voir le chef-d’oeuvre revenir dans son pays d’origine.