
les assureurs se risquent dans le golfe

Le boom économique que connaissent les Emirats Arabes Unis (EAU) attire les grandes compagnies d'assurance internationales. Y compris suisses.
Mais elles se heurtent à de nombreux obstacles culturels. Et il est difficile d’évaluer leur présence et leur chiffre d’affaires en termes réels.
Dans le Golfe persique, zone opulente au rythme de croissance élevé, un secteur demeure encore à la traîne: celui des assurances.
En comparaison avec d’autres régions qui connaissent également un fort essor économique, ce marché reste entièrement à défricher. Les perspectives de développement sont pourtant considérées comme très élevées, mais les chiffres d’affaires ne décollent pas.
Selon l’International Financial Centre (DIFC) de Dubai, qui est à la fois une autorité législative et un marché des capitaux, les statistiques montrent que les transactions dans le secteur des assurances sont encore en-dessous de la moyenne mondiale.
Retard étonnant, car il ne reflète pas le dynamisme économique de la région. Les expériences faites ailleurs dans le monde révèlent que la croissance se traduit généralement par un niveau plus élevé d’exigences en matière de gestion du risque et de prestations d’assurance.
Avec un marché de l’assurance et de la réassurance asséché ou stagnant dans de nombreuses régions du monde, les sociétés d’assurance de dimension planétaire se tournent ainsi toujours davantage vers le Proche-Orient et les pays du Golfe.
Le pétrole ou la vie
Pour les grands assureurs et réassureurs, ces pays passent
traditionnellement pour des pays à risques dans le secteur pétrolier, activité génératrice de nombreux accidents potentiels. Mais ces risques restent liés aux activités du pétrole et les compagnies les traitent de la même manière sur toute la planète. Il n’y a pas ici de politique spécifique pour les pays du Golfe.
Il en va tout autrement du domaine de l’assurance-vie. Selon une étude de Swiss Re, le géant helvétique de la réassurance, ce secteur connaît dans la région une croissance de près 17% chaque année, alors qu’elle n’est que de 11% en moyenne mondiale.
Et ceci malgré les barrières culturelles et religieuses qui ont
longtemps freiné toute évolution dans ce domaine. En effet, la mort prématurée d’un croyant est toujours manifestation de la volonté de Dieu. Conclure une assurance-vie, c’est donc s’opposer à la volonté divine.
«Normalement, la Charia est opposée aux assurances, écrit l’Islamic Banking Hub à Bahraïn. Sauf pour les assurances basées sur la réciprocité ou qui sont constituées sous forme de coopérative».
«Takaful»: tel est le mot magique en arabe, qui équivaut à notre «mutualité» (réciprocité). Une notion qui, en Suisse, est à la base du fonctionnement des caisses-maladie.
Faire plus pour la formation
Lors du premier Forum de l’assurance et de la réassurance du Proche-Orient (Middle East Insurance et Reinsurance Forum) qui a eu lieu fin 2005 à Dubai, les grandes compagnies d’assurance internationales actives dans cette région du monde ont été appelées à s’investir davantage dans la formation et l’information.
Les représentants du secteur des assurances des Etats de la région (Oman, EAU, Arabie saoudite, etc.) déplorent le manque d’experts bien formés.
Dans d’autres pays musulmans, le marché des assurances conformes à la Charia est pourtant en pleine
expansion. Comme en Malaisie, où ce type de produit représente 20% du marché, explique Jens Reisch, d’Allianz Life. Qui observe au passage que l’on compte parmi les assureurs autant de femmes que d’hommes.
Présence virtuelle ?
Reste que dans le Golfe, la présence effective des assureurs est difficile à évaluer. Comme les grandes chaînes hôtelières, les grandes compagnies mondiales d’assurance optent en effet pour la solution du pool, sans tenir compte des particularités culturelles de la région.
Ainsi, la chaîne hôtelière Rezidor SAS a assuré l’ensemble de ses établissements auprès de Zurich Financial Services (ZFS), indépendamment de leur emplacement dans le monde.
Et si ZFS peut effectivement déclarer avoir fait des affaires à Dubai, comme le confirme son porte-parole Daniel Hoffmann, il n’en demeure pas moins que les objets assurés ici le sont dans le cadre de pools.
swissinfo, Alexander Künzle à Dubaï (Traduction et adaptation de l’allemand: Bertrand Baumann)
Les Suisses sont notoirement sur-assurés. Dans les pays industrialisés en général, les marchés de l’assurance et de la réassurance stagnent.
En revanche, dans les pays du Golfe, la demande potentielle est importante. Les assurances-vie ou les assurances sur les biens ne sont pas monnaie courante.
Ce marché attire les grandes compagnies d’assurance internationales, dont les compagnies suisses.
Dubai souhaiterait utiliser ce potentiel en donnant à ce secteur un cadre réglementaire.
Dans la dynamique de sa politique de centre financier, l’Emirat souhaite devenir une plaque tournante de l’assurance pour les pays du Golfe.
Dans le secteur des assurances, la région du Golfe est traditionnellement considérée comme une région à hauts risques, à cause des secteurs sensibles comme le forage et les transports pétroliers, la recherche pétrolière, les transports de produits chimiques et de marchandises.
En général, le marché des assurances-vie et des assurances de biens est encore à défricher.
Selon l’Union suisse des assurances, la part du secteur au produit intérieur brut (PIB) s’élève à 1,5% dans le Golfe, contre 5% en Suisse.
Aux Emirats Arabes Unis, le montant des primes versées se monte chaque année à près de 1,23 milliard de francs suisses.

En cumplimiento de los estándares JTI
Mostrar más: SWI swissinfo.ch, certificado por la JTI
Puede encontrar todos nuestros debates aquí y participar en las discusiones.
Si quiere iniciar una conversación sobre un tema planteado en este artículo o quiere informar de errores factuales, envíenos un correo electrónico a spanish@swissinfo.ch.