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Le peuple devrait se prononcer sur l’initiative d’Uniterre

(Keystone-ATS) Les Suisses pourraient devoir se prononcer trois fois sur le contenu de leur assiette. Le syndicat Uniterre a déposé mercredi à la Chancellerie fédérale son initiative populaire pour la souveraineté alimentaire, revêtue de plus de 109’000 signatures.

“C’est aussi pour notre avenir”, brandissaient une ribambelle d’enfants sur une banderole devant la montagne de cartons de signatures issues de tous les cantons. L’initiative exige que l’approvisionnement en aliments suisses soit prépondérant et veut interdire définitivement les OGM.

Il s’agit à la fois de mettre fin au gaspillage de l’alimentation saine et au mépris de la paysannerie, a expliqué l’ancien conseiller d’Etat et conseiller national écologiste Fernand Cuche. Selon lui, les citoyens expriment des inquiétudes légitimes, il faut comme pour l’énergie, engager une transition de la politique agricole et la qualité de l’alimentation.

Le problème est complexe et le marché “libre” est obsolète”, a estimé la vice-présidente d’Uniterre Ulricke Minckner. Il faut des solutions applicables à toute la planète et solidaires. Pour les initiants, la préservation de l’agriculture paysanne, qui a un lien avec le sol et est adaptée aux spécificités locales, permettrait de surmonter toutes les crises.

Prix équitables

La Confédération devrait prendre des mesures pour favoriser l’augmentation du nombre d’actifs dans l’agriculture et préserver les surfaces cultivables. Elle devrait aussi intervenir sur le marché pour favoriser des prix équitables et renforcer les échanges commerciaux directs entre paysans et consommateurs, ainsi que les structures de commercialisation régionales.

Parmi les autres revendications d’Uniterre figurent une harmonisation fédérale des conditions de travail des salariés agricoles, des barrières douanières pour les produits étrangers, voire une interdiction de l’importation de ceux non conformes aux normes sociales et environnementales suisses. Les subventions à l’exportation seraient supprimées.

Les OGM sont de leur côté tout à fait inutiles. Ils ont été mis sur le marché pour aider les agriculteurs à s’insérer dans un modèle de production ultra intensif, a dénoncé Luigi d’Andrea, secrétaire exécutif de l’Alliance suisse pour une agriculture sans génie génétique. Ils n’ont apporté aucune solution aux problèmes réels des agriculteurs, il vaut mieux miser sur l’agroécologie.

Trois initiatives

Uniterre n’est pas le seul acteur à vouloir thématiser la question de l’alimentation. L’Union suisse des paysans (USP) a déjà déposé son initiative “pour la sécurité alimentaire”. Elle appelle Berne à renforcer l’approvisionnement de la population avec des denrées alimentaires issues d’une production suisse durable et diversifiée, ainsi qu’à maintenir une charge administrative basse pour l’agriculture.

Les Verts ont aussi déposé leur texte “pour des denrées alimentaires saines et produites dans des conditions équitables et écologiques”. Cette initiative demande à la Confédération de renforcer l’offre de denrées alimentaires sûres, de bonne qualité et produites dans le respect de l’environnement, des ressources et des animaux. Elle réclame aussi des conditions de travail équitables et pose des exigences sur les produits agricoles importés.

Tous ces textes répondent à une inquiétude légitime sur le contenu de nos assiettes, justifie Fernand Cuche. Selon lui, ce n’est absolument pas un problème si le peuple doit se prononcer plusieurs fois. “C’est même une chance pour le Parlement de préparer un contre-projet global fort qui fasse la synthèse des revendications.”

En attendant, le National vient de décider de soutenir l’initiative de l’USP. Le Conseil fédéral la rejette comme celle des Verts et n’a jamais envisagé de contre-projet.

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