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A Genève, les réfugiés sauvent leur statut

L’amélioration du statut des réfugiés dépend de la volonté commune des gouvernements Keystone

La convention de l'ONU sur les réfugiés sort indemne de la conférence que lui ont consacré plus de 140 Etats à Genève. Sans plus.

L’idée d’un mécanisme de vérification de l’application de la convention – une idée proposée par la Suisse et soutenue par les ONG – n’a donc pas passé la rampe. Tout comme un catalogue de mesures en cas d’afflux massif de réfugiés.

La conseillère fédérale Ruth Metzler, présidente de cette réunion de deux jours, a néanmoins estimé que l’objectif de la conférence a été atteint. La déclaration adoptée par 140 Etats réaffirme, en effet, la valeur et l’actualité de la convention.

Un processus à haut risque

Ce qui n’était pas gagné d’avance. Le Haut-Commissaire aux réfugiés Ruud Lubbers a souligné que l’ensemble du processus qui a mené à la conférence était à haut risque: «De nombreux Etats ne sont pas contents des obligations que leur impose la Convention de 1951».

Un malaise que les événements du 11 septembre – et les politiques plus restrictives qu’ils ont suscités – n’ont fait qu’accentuer. Selon Jean-Daniel Gerber, qui dirigeait la délégation suisse, l’engagement pris par les Etats à Genève pourrait inverser cette tendance.

«Il s’agit maintenant de mettre en œuvre, au niveau national, la déclaration adoptée mercredi», précise Jean-Daniel Gerber. En Suisse, ce processus devrait donc se concrétiser avec la révision de la loi sur l’asile. Un sujet qui sera débattu au Parlement l’an prochain.

Politiques restrictives

Mais les organisations de défense des réfugiés dénoncent d’ores et déjà un texte encore plus restrictif que la loi actuelle jugée déjà très dure. Jean-Daniel Gerber l’admet bien volontiers.

«Si un pays durcit sa politique en matière d’asile, cela entraîne un flux accru de réfugiés sur un autre pays, contraint, dès lors, de durcir sa politique», justifie Jean-Daniel Gerber.

«C’est pourquoi la Suisse a été obligée de restreindre l’accès à son territoire. C’est à cause des mesures prises par nos voisins», précise encore Jean-Daniel Gerber.

Autrement dit, l’amélioration du statut des réfugiés dépend donc d’une volonté commune des Etats, une volonté affichée par la déclaration adoptée mercredi.

Faible collaboration

Mais ce progrès doit également passer par une meilleure collaboration entre les gouvernements. «Il y a eu des progrès sur le plan des déclarations politiques. Mais, dans les faits, l’application du principe du partage de la charge des réfugiés entre tous les pays reste très faible», a affirmé Ruud Lubbers.

Le Haut-Commissaire n’a donc pu que reconnaître: «La déclaration adoptée est un début. Mais je dois être honnête, il y a encore beaucoup de chemin à faire sur le plan concret».

Frédéric Burnand, Genève

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