Attentats du 13-Novembre: dix ans après, «la douleur demeure»
A la nuit tombée, les cloches de Notre-Dame résonnent et des centaines de personnes assistent dans l'émotion, jeudi, à l'inauguration du jardin du 13 novembre 2015 au coeur de la capitale. Le but: ne jamais oublier ces attentats qui ont fait 132 morts Paris.
(Keystone-ATS) L’hommage national, orchestré par Thierry Reboul, déjà à la manoeuvre pour l’ouverture des JO-2024, a commencé peu après 18h00 près de l’Hôtel de Ville au son des cloches de Notre-Dame et des églises résonnant pendant plusieurs minutes dans la capitale.
La chanson d’AC/DC «Hells Bells», jouée en version instrumentale, a lancé la cérémonie, avec une projection lumineuse représentant Marianne, des larmes bleues et rouges coulant sur ses joues.
Emmanuel Macron assiste à cette inauguration aux côtés de la maire de Paris, Anne Hidalgo. Son prédécesseur, François Hollande, au pouvoir en 2015, est également présent.
Le vendredi 13 novembre 2015, des commandos téléguidés par le groupe Etat islamique (EI) ont visé le stade de France, à Saint-Denis, des terrasses de bar et restaurants, et la salle de concert du Bataclan à Paris, assassinant 130 personnes et blessant des centaines d’autres. Depuis, deux rescapés se sont suicidés. Une nuit d’horreur restée dans la mémoire de nombreux Franciliens.
«Il y a dix ans, c’est la société qui a fait front, tous unis», s’est souvenu Philippe Duperron, président de l’association «13onze15», dont le fils Thomas a été tué au Bataclan, lors du premier discours de cette soirée d’hommages. «Merci pour cette cérémonie d’hommage où le rock prend sa place si symbolique».
«Sortis de l’enfer»
Un peu plus tôt jeudi, les noms des 92 victimes du Bataclan ont résonné boulevard Voltaire, où une foule d’officiels, de familles et de rescapés s’est rassemblée sur le lieu le plus meurtri des attaques jihadistes.
Des membres de la BRI, le visage masqué, sont présents en nombre, dix ans après avoir donné l’assaut contre les jihadistes retranchés dans la salle de concert. A eux comme aux autres primo-intervenants, le chef de l’Etat adresse la «reconnaissance» de la Nation. «Vous pouvez être fiers».
Pour Stéphane Toutlouyan, ex-otage au Bataclan, l'»important» est «d’aller saluer tous les gars de la BRI et de les remercier, parce que c’est eux qui nous ont sortis de l’enfer», confie-t-il à l’AFP. Devant les portes, une multitude de bouquets de fleurs ont été déposés au pied d’une plaque où sont gravés les noms des victimes.
Chacun attend son tour pour s’en approcher: certains se croisent, se reconnaissent, s’embrassent, se prennent longuement dans les bras ou échangent un petit mot de réconfort, avant de déposer à leur tour une fleur, une bougie, un signe de mémoire.
«La vie continue»
«Aujourd’hui, je peux me souvenir, je peux pleurer, je peux me laisser aller, et puis demain, la vie continue», dit Sophie Bouchard-Stech à l’AFP, juste avant le début de la cérémonie. L’Allemande fait le voyage chaque année pour rendre hommage à son mari, tombé sous les balles des jihadistes au Bataclan.
Devant chacun des lieux frappés lors de cette funeste soirée, Arthur Dénouveaux et Philippe Duperron, présidents d’associations de victimes, ont déposé des gerbes de fleurs, avant qu’Emmanuel Macron et Anne Hidalgo ne fassent de même, avant d’observer à chaque fois une minute de silence.
«10 ans. La douleur demeure. En fraternité, pour les vies fauchées, les blessés, les familles et les proches, la France se souvient», a posté sur X le président de la République.
Près des terrasses parisiennes, dans les Xe et XIe arrondissements, où 39 vies ont été fauchées au total, dont 21 devant la seule Belle Equipe, le silence règne, les yeux des personnes présentes sont embués de larmes. Aux alentours, les panneaux publicitaires affichent tous la devise en latin de Paris, «Fluctuat Nec Mergitur» (Il est battu par les flots, mais ne sombre pas).
Absence «immense»
Les commémorations ont débuté le matin par une cérémonie au stade de France, avec la famille de Manuel Dias, première victime du 13-Novembre, tuée quand trois kamikazes se sont fait exploser devant les portes du stade où se jouait un match amical France-Allemagne.
«Nous n’oublierons jamais; on nous dit de tourner la page dix ans après, mais l’absence est immense», a dit dans un discours poignant sa fille, Sophie Dias, très émue.
Le jardin mémoriel, lieu de recueillement inauguré ce 13 novembre 2025, est fait de grandes stèles et de blocs de granit, évoquant la géographie des différents lieux visés.
Cette cérémonie est retransmise en direct à la télévision et projetée sur grand écran, place de la République à Paris, où un mémorial s’était improvisé il y a dix ans. Jeudi soir, des Parisiens ont fait le déplacement pour déposer fleurs, bougies et mots au pied de la statue de Marianne.