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Catalogne: la Suisse prête à offrir ses bons offices, mais pas à s’immiscer

"Nous sommes tous deux d'accord qu'il faut laisser la justice agir, dans la confiance que nous sommes des Etats démocratiques et de droit", a déclaré le chef de la diplomatie espagnole, Alfonso Maria Dastis Quecedo. KEYSTONE/EPA KEYSTONE/PETER SCHNEIDER sda-ats

(Keystone-ATS) La Suisse est prête à offrir ses bons offices dans la crise catalane, mais pas à mettre son nez dans les affaires internes de l’Espagne, a affirmé Ignazio Cassis, qui recevait son homologue espagnol à Berne. La justice doit en outre agir en toute indépendance.

La Suisse “reconnaît l’Espagne comme pays souverain et démocratique. Nous n’avons rien à lui apprendre”, a déclaré lundi le chef de la diplomatie suisse lors d’une conférence de presse à l’issue de la rencontre. Madrid “doit gérer ses problèmes internes dans le respect de la Constitution du pays”, a-t-il ajouté.

“Nous sommes tous deux d’accord qu’il faut laisser la justice agir, dans la confiance que nous sommes des Etats démocratiques et de droit”, a abondé son homologue espagnol, Alfonso Maria Dastis Quecedo.

Indépendantistes en Suisse

Les deux hommes ont évoqué le cas des deux indépendantistes catalanes actuellement présentes en Suisse, l’ex-députée Anna Gabriel et Marta Rovira, secrétaire générale du parti séparatiste ERC.

Ces personnes, “comme tous les ressortissants de l’Union européenne (UE), ont le droit de venir en Suisse et de s’y exprimer librement”, a dit à cet égard M. Cassis. Si une demande d’extradition était déposée par l’Espagne les concernant, “nous répondrions sur le plan juridique, dans le respect de la séparation des pouvoirs”, a-t-il précisé.

Son homologue a répondu qu’il ne savait pas si un mandat d’arrêt avait été envoyé à Interpol, mais que, le cas échéant, “ce sera une discussion entre juges”.

Cas Falciani

Faisant allusion à la présence en Espagne du lanceur d’alerte franco-italien à l’origine des SwissLeaks Hervé Falciani, dont la Suisse réclame l’extradition, M. Cassis a assuré qu’il n’était pas question de l’échanger contre des ressortissants catalans. Il n’y a pas de “plan secret” à ce sujet, a-t-il insisté.

Confirmant que la demande d’extradition suisse était parvenue à Madrid il y a quelques jours, M. Dastis a souligné que ce cas serait là aussi du ressort exclusif de la justice.

Relations avec l’UE

La question des relations entre la Suisse et l’UE a aussi été un point fort de la rencontre, notamment l’accès au marché financier transfrontalier. Faute d’accord ad hoc, Berne doit régler cette question bilatéralement, a rappelé M. Cassis.

Cela s’est fait de façon satisfaisante avec l’Allemagne et l’Autriche, mais pas encore avec l’Espagne, la France et l’Italie, a-t-il dit. Berne souhaite donc pouvoir discuter avec Madrid de l’amélioration de ce commerce transfrontalier.

Plus généralement, la Suisse attend de l’Espagne qu’elle “suive” ses négociations avec l’UE, dont celles en vue d’un accord-cadre. “Nous sommes prêts à montrer la flexibilité et la coopération nécessaires quand les aspects techniques seront réglés”, a répondu M. Dastis.

Conseil de sécurité

Au plan international, la Suisse demande à l’Espagne de soutenir sa requête d’accéder au Conseil de sécurité de l’ONU en tant que membre non permanent pour la période 2023-2024. “Nous y sommes prêts, ainsi qu’à partager notre expérience”, a dit le ministre espagnol, dont le pays a siégé en 2015-2016 au sein de l’organe exécutif de l’organisation.

Les deux pays défendent “un multilatéralisme effectif”, a-t-il souligné, et se soutiennent réciproquement en cas de candidature dans le cadre onusien ou d’une autre organisation.

Syrie et route de la soie

MM. Cassis et Dastis ont également abordé la situation au Proche-Orient, en particulier en Syrie, évoquant la nécessité de soutenir le processus diplomatique dans ce conflit. “Nous espérons pouvoir contribuer par nos bons offices à une désescalade”, a déclaré le Suisse.

Enfin, la position des deux pays envers l’initiative chinoise de nouvelle route de la soie, “dont les détails ne sont pas encore clairs”, a également été évoquée. Les deux ministres ont insisté sur le respect des droits sociaux et environnementaux dans ce cadre.

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