Aujourd’hui en Suisse

Chers Suisses du monde, bonjour,

Mais quelle mouche a donc piqué Marco Chiesa? À l’heure des discours rassembleurs qui sont la règle pour la Fête nationale, le président de l’UDC a lancé pour le 1^er Août une violente diatribe contre les villes dirigées par la «gauche caviar» et les «moralisateurs verts», qui entretiennent des «parasites» (le mot revient six fois dans le discours) avec l’argent des bons contribuables suisses.

À gauche, on s’en doute, c’est le tollé et une fois de plus, la formation de la droite conservatrice réussit à faire parler d’elle alors que l’actualité sommeille. Reste à voir qui cette stratégie va convaincre, à deux ans des prochaines élections fédérales.

En attendant, parlons plutôt de la grande fête du cinéma qui s’ouvre à Locarno.

Excellente lecture,

Keystone / Urs Flueeler

Le 74e Festival du Film de Locarno démarre ce mercredi 4 août, après une interruption d’une année due à la Covid-19. Suivez les publications #LocarnoCloseUp sur Instagram, Facebook et dans la section spéciale dédiée au Festival sur notre site.

C’est le premier grand rendez-vous du cinéma en Suisse entièrement ouvert au public depuis le début de la pandémie. – même si des mesures sanitaires seront en place. Les projections de plein air sur la Piazza Grande sont de retour, mais seulement pour les spectateurs vaccinés. Les salles devront tourner aux deux tiers de leur capacité, et les réservations seront obligatoires pour tout le monde.

Cette année, Locarno voit également les débuts d’un nouveau directeur artistique, Giona A. Nazzaro. L’influence de cet expert des films d’action sur le programme est nettement visible. Mais il y a plus: une rétrospective complète d’Alberto Lattuada, des films du monde entier, de Hong Kong à l’Amérique Latine, et des invités célèbres. Parmi eux, John Landis, Abel Ferrara et Laetitia Casta – et SWI swissinfo.ch vous perlera d’eux durant le Festival.

• L’article de mes collègues Eduardo Simantob et Carlo Pisani
• Point fort – #LocarnoCloseUp

Keystone / Urs Flueeler

L’UDC part en guerre contre les villes. Dans son discours du 1^er août, le président de la formation conservatrice Marco Chiesa a fustigé les villes à dominante rose-verte, et leur politique «qui défend les parasites». Des propos forts peu conventionnels dans un contexte de Fête nationale, qui ont fait réagir à gauche et même jusque dans les rangs de l’UDC.

«Cela m’a profondément choqué […] Marco Chiesa est dans l’attaque frontale […] C’est vraiment une agression, avec des relents limite fascisants», a réagi dans le journal télévisé de la RTS le socialiste Sami Kanaan, membre de l’exécutif de Genève et vice-président de l’Union des villes suisses.

Galvanisée par sa triple victoire en votation, contre les initiatives anti-pesticides et la loi sur le CO2, l’UDC semble déjà partir en campagne pour les élections de 2023. Sa base historique est en effet plutôt dans les campagnes et l’argument serait de dire que les villes gaspillent l’argent du contribuable pour le redistribuer aux assistés.

• Le discours du 1er Août de Marco Chiesa crée la polémiqueLien externe – l’article et les vidéos de RTS Info
• L’UDC déclare la guerre aux «parasites» de gaucheLien externe – Le Temps (abonnés)

Keystone / Hassan Ammar

Un échange équitable plutôt que le libre-échange: le principe devrait s’appliquer si l’on veut lutter contre la pauvreté et promouvoir une économie durable. C’est aussi le credo de celles et ceux qui se battent pour plus de justice dans l’économie mondiale, à l’image de la députée verte Christine Badertscher, qui l’exprime dans nos colonnes.

«Un commerce équitable est possible – si on le veut», écrit l’élue bernoise au Conseil national dans une tribune où elle part d’un exemple très concret: celui du lait. Quand l’Union européenne abolit les quotas laitiers, cela a des répercussions jusque chez les producteurs (en fait surtout productrices) du Cameroun, concurrencées par le lait en poudre bon marché venu d’Europe.

Les responsables des politiques agricoles devraient penser bien au-delà de leurs propres frontières. Notamment en faisant la promotion de l’approvisionnement local et non celui de la production de masse, dont les excédents doivent être vendus à des prix cassés dans le monde entier, plaide Christine Badertscher.

• Le papier d’opinion de Christine Badertscher
• Point fort – L’or et la Suisse: une histoire mouvementée

Keystone / Steffen Schmidt

Et comme chaque mardi, nous ressortons une perle du coffre-fort qui contient nos très nombreuses contributions sur cette démocratie directe chère au cœur des Suisses. Cette semaine, pleins feux sur ces exclus du système que sont encore largement les étrangers, soit un quart de la population du pays.

Si certains cantons et certaines communes leur accordent les droits civiques, les résidents étrangers n’ont ni le droit de voter ni celui d’être élus au plan fédéral. Pourtant, selon le député socialiste Cédric Wermuth, «le terme de démocratie exclut la discrimination d’un groupe».

Dans l’autre camp, l’élu UDC Thomas Burgherr estime que «le droit de vote en Suisse ne doit pas être gratuit». Pour lui, il doit seulement être donné en échange de capacités. C’est la naturalisation.

Le débat est loin d’être clos…

• L’article de mon collègue Renat Kuenzi
• Point fort – La Suisse, une démocratie à deux vitesses
• Point fort – Le long chemin vers le droit de vote des femmes
• Point fort – Peut-on mesurer la démocratie?