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Tessa Huber, le visage du renouveau au Conseil des Suisses l’étranger

Bundhauskuppel
Keystone / Anthony Anex

Tessa Huber a été élue au Conseil des Suisses de l’étranger ce printemps. Cette spécialiste en médecine moléculaire veut réduire les obstacles bureaucratiques au sein du parlement de la Cinquième Suisse et impliquer davantage les jeunes Suisses de l’étranger.

Personne ne saurait reprocher à quelqu’un de réfléchir calmement avant d’accepter une fonction. Reste que le printemps dernier, entre la demande de candidature et l’élection de Tessa Huber comme co-vice-présidente de l’OSE Allemagne, il ne s’est écoulé que cinq minutes, en comptant large.

Peu avant, Tessa Huber (32 ans) avait été présentée comme nouvelle conseillère des Suisses de l’étranger lors de la conférence de l’Organisation des Suisses de l’étranger (ASO) Allemagne.

La section allemande vit un petit tournant: pour la première fois, les représentants et représentantes au Conseil des Suisses de l’étranger ont été élus par vote électronique direct.

Cassettes et fondue au fromage

Tessa Huber a grandi à Berlin, avec des cassettes et des livres pour enfants en «Schwyyzerdütsch», ainsi que la fondue au fromage à Noël. Ce fut un «choc» lorsqu’elle a découvert que ses amis et amies ne perpétuaient pas cette tradition. «C’est affreux. Comment peut-on vivre sans fondue au fromage?», s’était-elle alors demandé.

Pour Tessa Huber, le lien le plus fort avec la patrie de sa mère ne passait pas par la gastronomie, mais par ses grands-parents suisses, chez qui elle passait souvent de longues vacances. Après le décès de sa grand-mère, son grand-père a rejoint la famille en Allemagne. «Là, la Suisse était chez nous et elle y était vécue.»

Tessa Huber
Tessa Huber. Photo mise à disposition

Pour Tessa Huber, qui travaille pour une société dont le siège est en Suisse, ce pays incarne aussi une certaine mentalité: «Les Suisses sont simplement un peu plus détendus. On prend son temps et on ne râle pas tout le temps.»

Pour cette spécialiste en médecine moléculaire, une chose est claire: «Mon pays de vie, c’est l’Allemagne, mais mon pays de cœur, c’est la Suisse.» Avec la mort de son grand-père, Tessa Huber a ressenti une rupture avec ses racines suisses. «C’est d’autant plus important pour moi de maintenir et de cultiver ce lien avec la Suisse.»

La bureaucratie comme déclencheur

Avoir un lien fort avec la patrie de ses grands-parents est une chose, mais qu’est-ce qui pousse une Suissesse de l’étranger de deuxième génération à s’engager dans ce qu’on appelle le «Parlement de la Cinquième Suisse»?

Le CSE se considère comme la représentation des plus de 800’000 Suisses de l’étranger dans le monde entier. Selon ses propres termes, il agit comme le «Parlement de la Cinquième Suisse», qui prend en compte les préoccupations de la communauté des Suisses de l’étranger et défend ces préoccupations auprès du public suisse et des autorités.

Parmi les 140 membres du conseil, 120 viennent de l’étranger. Le comité comprend également des politiciennes et politiciens suisses qui défendent les intérêts de ce que l’on appelle la «Cinquième Suisse» au sein des Chambres fédérales.

La réponse simple: la bureaucratie éprouvante à laquelle on est confronté en tant que Suisse de l’étranger. Tessa Huber souhaite la combattre. Certaines choses l’ont tout simplement «agacée». Mais à l’étranger, elle manquait de contacts pour s’y attaquer.

Dans son cas, la goutte d’eau qui a fait déborder le vase, c’est un véritable marathon bureaucratique autour de son mariage. «Mon mari vient de l’ancienne Union soviétique. Il est né dans l’actuel Kazakhstan et a déménagé en Allemagne avec sa famille à l’âge d’un an», relève-t-elle. Le couple souhaitait enregistrer le mariage à la fois en Allemagne et en Suisse. Mais la Suisse exigeait une apostille sur l’acte de naissance du mari, ce qui s’est révélé être une tâche ardue.

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«Avec beaucoup de ‘s’il vous plaît’, la version en allemand de l’acte de naissance a finalement été reconnue sans apostille, raconte Tessa Huber. Mais pour moi, c’était clair: cela doit être plus simple. Il faut un accès plus facile, sans avoir à lire apparemment toutes les lois pour trouver le paragraphe pertinent.»

Dans la Revue Suisse, elle a lu un article sur les élections directes en ligne au Conseil des Suisses de l’étranger, qui ont eu lieu ce printemps dans plus de 40 pays, dont l’Allemagne. «Je voulais juste essayer», raconte-t-elle.

«Les lois n’ont pas besoin d’être ennuyeuses»

L’essai a été concluant: avec le deuxième meilleur résultat en Allemagne, Tessa Huber a été élue au Conseil. L’élection des délégués et déléguées étrangers au Conseil des Suisses de l’étranger sera confirmée ce week-end lors des SwissCommunity Days, après quoi le travail pourra commencer.

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Tessa Huber souhaite surtout s’engager pour les jeunes Suisses en Allemagne. «À mon avis, il y a là un potentiel considérable. Beaucoup ne savent même pas quelles possibilités et offres sont à leur disposition.» Et d’ajouter que la Suisse conserve une grande importance pour les jeunes Suisses de l’étranger.

Mais les jeunes Suisses de l’étranger, notamment de deuxième ou troisième génération, souhaitent-ils vraiment entretenir un lien institutionnalisé avec la Suisse via une organisation? «Le besoin d’échange est clairement là», affirme Tessa Huber avec conviction.

Un signe en est peut-être la composition du nouveau Conseil des Suisses de l’étranger: lors des élections directes électroniques dans des pays comme l’Allemagne, le Conseil s’est rajeuni. L’intérêt pour la participation semble – du moins là-bas – bien présent.

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Tessa Huber voit un rôle central du Conseil des Suisses de l’étranger dans la participation: «Il est important de montrer aux jeunes Suisses de l’étranger qu’ils peuvent s’impliquer.» Mais pour cela, il faut d’abord mieux les atteindre, «par exemple avec des vidéos sur les réseaux sociaux. Les lois et les normes n’ont pas besoin d’être ennuyeuses. Je vois là un potentiel pour les présenter de manière plus décontractée que d’habitude.» Des idées concrètes existent déjà, «mais je ne veux pas trop en dire pour l’instant», précise-t-elle.

Pour cette dernière, une chose est sûre: l’échange entre les jeunes et les générations plus âgées est essentiel. «Les associations suisses restent importantes, et leurs membres ne doivent pas avoir l’impression que nous ne nous occupons que des personnes en dehors des associations.»

Une première rencontre et un moment d’échange auront lieu les 22 et 23 août lors des «SwissCommunity Days» au Palais fédéral à Berne, qui marqueront le début de la nouvelle législature 2025–2029. En tant que conseillère nouvellement élue, Tessa Huber se rendra elle aussi dans la capitale fédérale – avec dans ses bagages, probablement, l’espoir de trouver un moment, malgré un programme chargé, pour déguster son plat suisse préféré: la fondue au fromage.

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Modéré par: Melanie Eichenberger

Qu’attendez-vous du Conseil des Suisses de l’étranger pour les quatre prochaines années?

Les nouvelles élections du Conseil des Suisses de l’étranger pour la législature 2025-2029 auront lieu au printemps. Quels devront être les engagements des personnes nouvellement élues?

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Texte traduit de l’allemand à l’aide de l’IA/op

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