
Bâle côté Broadway

Bâle accueille dès le 10 janvier la comédie musicale «Fosse - The Show». Un hymne à l'un des monstres du genre, le chorégraphe américain Bob Fosse.
Les amateurs de spectacle intime ou de comédie musicale à la française, c’est-à-dire sentimentalo-larmoyante, feront peut-être mieux de passer leur chemin. Ici, c’est de Broadway qu’il s’agit.
Néons clinquants et paillettes. Danseuses en guêpière, bas noirs et chapeau melon. Danseurs au corps athlétique et en gants blancs. Erotisme qui swingue. Chorégraphies millimétrées. Voix imparables. Incroyable technique mise au service d’une apparence de facilité, de légèreté, avec en toile de fond un big band qui joue live.
«Fosse – The Show»: une sorte de best of de l’œuvre de Bob Fosse, né à Chicago le 23 juin 1927, et décédé sur un trottoir de Washington D.C. le 23 septembre 1987.
L’ascension
Entre ces deux 23, une vie consacrée à la danse, à la comédie musicale et au cinéma. Et au théâtre pour commencer: tout petit déjà, il suit le sillage familial en pratiquant l’humour sur les planches. Puis s’attaque à la danse classique et aux claquettes.
Après deux années passées dans l’US Navy, Fosse s’installe à New York, où le célèbre producteur George Abbott lui confie les chorégraphies de deux spectacles, «The Pajama Game» puis «Damn Yankees».
Mais c’est le cinéma qui va lui apporter une renommée mondiale: après «Sweet Charity» (1966), il réalise «Cabaret» (1972), avec Liza Minelli, Joel Grey et Michael York. Côté scène, le succès sera au rendez-vous avec «Chicago» (1975) ou «Dancin’» (1978).
Bob Fosse: un style chorégraphique immédiatement identifiable, qui a indéniablement marqué la danse «jazz». Mais Fosse, ce n’est pas que cela. C’est aussi une certaine gravité, comme en témoigne son film «Lenny» (1974, avec Dustin Hofmann), une biographie du comédien Lenny Bruce – auquel Bob Dylan consacra également une chanson.
Comme en témoigne également en 1979 le célèbre «All That jazz» (devenu «Que le spectacle commence» en français), film qui évoque un chorégraphe en fin de parcours: excès de travail, sexe, alcool… «All that jazz», ou quand le cinéma devient miroir.
Le déclin, puis le mythe
Les années 80 seront moins glorieuses pour Bob Fosse. Son dernier film, «Star 80», consacré au destin tragique de la playmate Dorothy Stratten, sera un échec. Comme son dernier spectacle à Broadway, «Big Deal» (1986).
Triste conclusion, donc. Bob Fosse catalogué fini, voire ringard. Mais ce n’était qu’une fausse sortie. Son héritage a continué de vivre dans une multitude de chorégraphies «jazz». Et puis, le 9 août 1998, et sous l’œil vigilant de sa troisième femme, Gwen Verdon, «Fosse – The show» est créé à Toronto, puis implanté dès janvier 1999 à New York.
La version présentée au «Musical Theater Basel» vient de Hambourg. Pour les amateurs, à voir impérativement du 10 janvier au 3 février: il n’y aura pas de prolongations.
Sur scène, ce sont donc 50 artistes qui tissent ce best of Bob Fosse, dont 24 danseurs. L’apport artistique de Fosse a conquis la planète? En guise de réponse, c’est toute la planète ou presque qui est à l’affiche: les «performers» de cette mouture sont Américains bien sûr, mais aussi Allemands, Italiens, Néerlandais ou Australiens…
Bernard Léchot
«Fosse – The Show», location: Ticket Corner, 0848.800.800.

En conformité avec les normes du JTI
Plus: SWI swissinfo.ch certifiée par la Journalism Trust Initiative
Vous pouvez trouver un aperçu des conversations en cours avec nos journalistes ici. Rejoignez-nous !
Si vous souhaitez entamer une conversation sur un sujet abordé dans cet article ou si vous voulez signaler des erreurs factuelles, envoyez-nous un courriel à french@swissinfo.ch.