
Derain l’éclectique

André Derain, classique moderne, reste à redécouvrir. C'est chose faite avec une riche exposition à la Fondation de l'Hermitage à Lausanne.
Car le peintre fauve fut également un cubiste de la première heure et un portraitiste hors normes…
La Fondation de l’Hermitage à Lausanne, en partenariat avec l’IVAM de Valence en Espagne, rend hommage à un artiste considéré comme un classique de la modernité, tout en restant peu ou prou méconnu, dans l’ombre de Matisse et Picasso.
André Derain (1880-1954) participa avec le premier, son aîné de dix ans, à l’élaboration du fauvisme, mouvement limité dans le temps, en tant que mouvement, mais dont l’influence fut immense.
Avec le second, son presque contemporain, il jeta les bases du cubisme, sous l’influence marquée de Cézanne.
Témoignent de cette appartenance aux avant-gardes des tableaux intenses, comme le «Buste de la jeune fille au châle blanc», qui date de 1913, date à laquelle Derain participa à la fameuse exposition de l’Armory Show à New York, ou «Le port de Collioure»(1915), aux teintes vives.
Retour au réalisme
Et puis, André Derain, comme lassé, désireux de retrouver la solidité de l’art classique, glissa vers un réalisme bien charpenté et une palette plus sombre.
Lui qui avait été le premier à collectionner des statues et des masques nègres ou étrusques, il vendit cette collection pour acquérir des sculptures antiques, et des instruments de musique anciens.
Lui qui avait expérimenté avec bonheur une sculpture ramassée et économe, qui fait parfois penser à Brancusi, il façonna cette «Bauté classique (Alice Derain)», belle face au front bas et aux traits boudeurs.
Diversité des supports
L’exposition lausannoise retrace les phases de cette évolution et illustre les facettes d’un talent éclectique, à l’instar de celui de Picasso.
Céramiques, nées à l’instigation du marchand Ambroise Vollard, sculptures métalliques créées à partir de douilles d’obus, à la fin de la Première Guerre, illustrations pour «L’Enchanteur pourrissant» d’Apollinaire ou belles aquarelles proches de «La Danse» de Matisse, et bien sûr des peintures, du haut en bas de la maison, restituent l’art d’un homme de son temps, qui chercha à synthétiser différentes influences et ne voulut jamais renier les beautés de la nature.
Laurence Chauvy
Fondation de l’Hermitage, Lausanne, jusqu’au 9 juin.

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