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L’électro-businessman DJ Antoine cartonne

Antoine Konrad ou DJ Antoine ? swissinfo.ch

Son nouvel album, «2011», s’est vite placé en tête des charts helvétiques – devant celui de Lady Gaga. La petite entreprise du Bâlois Antoine Konrad, champion suisse de la «house music», se porte plus que bien, avec désormais une cible nommée… USA. Entretien.

Antoine Konrad, alias DJ Antoine – CEO, DJ & producer selon sa carte de visite – a vendu plus d’un million d’albums, décroché 26 disques d’or, un de platine, et se balade en Rolls Royce Phantom.

Mais a suffisamment d’humour pour sourire lorsqu’on lui fait remarquer que dans le livret de «2011», il est plus aisé de lire le nom de son coiffeur que de celui des artistes qui ont travaillé sur le disque.

Son nouveau tube s’appelle Welcome To St.Tropez, mais c’est à Sissach, petite ville assez peu sexy du canton de Bâle, qu’il nous reçoit. Sissach où, dans une confortable maison bourgeoise décorée flashy, il vit et dirige ses bureaux.

swissinfo.ch: Vous venez de sortir 2011. Mais chez vous, un album semble ne pas être un événement: vous en sortez 3 à 4 par année…

Antoine Konrad: Le public suisse était habitué à ce que DJ Antoine fasse quatre CD dans l’année, c’était aussi normal que les quatre saisons! Mais j’ai ralenti progressivement. L’année passée, j’en ai fait deux et cette année, ce sera le seul. Parce qu’au niveau international, les choses ne peuvent pas se passer aussi vite, il faut laisser plus de temps aux morceaux pour qu’ils puissent exister. C’est le cas par exemple avec le nouveau single, Welcome To St.Tropez, qui va bouger sur le monde entier, mais cela nécessite plus de temps.

swissinfo.ch: DJ Antoine, c’est en fait un travail en duo: vous-même et Fabio Antoniali… Comment fonctionne votre collaboration?

A.K.: Je travaille avec Fabio, «Mad Mark», depuis 11 ans. Nous avons ensemble un studio à Olten. Fabio, c’est vraiment l’ingénieur du son, il travaille 14 heures par jour derrière son ordinateur. Moi, je bois du café et je suis comme un tigre derrière lui, je marche à droite, à gauche… J’apporte beaucoup d’idées créatives, les sons, les instruments. Je suis aussi celui qui organise les voix, qui prend contact avec les différents chanteurs.

swissinfo.ch: Il est ingénieur du son, vous êtes DJ et producteur… Où est le musicien?

A.K.: Très jeune, j’ai fait de la flûte et de la batterie. Le rythme est toujours quelque chose que j’adore. Et quand on enregistre les parties vocales, je donne les idées pilotes. Je montre au chanteur ce qu’il doit faire: j’ai beaucoup d’idées sur ce qui fonctionne dans les clubs. Et de nos jours, la technique permet de faire de la musique même si tu n’as jamais appris à jouer du piano.

Sur le titre Sunlight avec Tom Dice, Fabio et moi avons composé la mélodie à l’aide d’un ordinateur, puis comme c’était trop synthétique, nous avons fait jouer un vrai joueur de cornemuse. Sur un autre morceau, ma sœur joue de la flûte. Nous employons régulièrement de vrais instruments en plus des sons électro.

swissinfo.ch: Sur ‘2011’ figurent de nombreux invités, dont le plus étonnant est peut-être Michael von der Heide, pour une chanson en français, Bleu infini…

A.K.: Nous avions fait ce morceau pour Kate Ryan, mais elle n’appréciait pas trop les vocaux. Je l’ai alors proposé à Michael, j’aime bien ce qu’il fait, on se voit régulièrement lors de soirées. Et il a été d’accord. A l’arrivée, c’est une bonne surprise, un mix entre chansonnier et house music, cela me touche beaucoup.

swissinfo.ch: Vous êtes DJ, producteur, mais aussi d’homme d’affaires. Vous avez créé plusieurs labels discographiques, et Global Bookings, votre agence.

A.K.: Derrière tout cela, il y a un concept. Et j’ai dix salaires à payer. Il est donc important que la machine fonctionne. Et puis j’aime bien travailler par étapes. Je suis quatre mois en studio, puis je passe à autre chose, le concept du sponsoring et du marketing, les interviews, les vidéos, je m’occupe des sorties internationales, des TV-shows…

swissinfo.ch: Aujourd’hui, le marché américain est votre objectif prioritaire. Comment se passe pratiquement la tentative de conquête d’un tel marché?

A.K.: Ultra Records à New York a acheté les droits de licence pour DJ Antoine en Amérique. Ils sortent les vidéos sur YouTube, la musique sur iTunes, et ils commencent la promotion ensuite: six semaines dans les radios. Si cela fonctionne, il y a une deuxième étape radio. C’est comme ça que cela grandit: les radios d’abord, et ensuite seulement les clubs. C’est le contraire en Allemagne, par exemple. Pour ce qui est des ventes, aux USA, l’essentiel se fait par iTunes. Le disque physique est pratiquement mort là-bas.

swissinfo.ch: Vous venez de tourner un clip avec Puff Daddy. Un élément stratégique de cette offensive sur l’Amérique?

A.K.: Nous avons sorti Welcome To St. Tropez avec la chanteuse Kalenna, qui fait partie du projet Dirty Money de Puff Daddy. Puff Daddy est aussi intéressé à ce que cela cartonne. Si c’est le cas en Europe, on le sortira aussi aux USA. Pour nous, ce serait une bonne ouverture vers l’Amérique.

swissinfo.ch: Votre terrain de jeu, c’est la planète, mais vous vivez à… Sissach.

A.K.: En juillet, pour mes vacances, je vais aller en vacances en Bourgogne. J’aime bien, c’est tranquille, il y a du bon vin, il n’y a pas de boîtes… c’est l’opposé de ma vie! Par contre, si c’est pour faire la fête, je vais ailleurs. En semaine, je suis à Sissach, mais le week-end, je suis à Dubaï, New York, Saint-Tropez, des lieux comme ça.

swissinfo.ch: Quels points communs et quelles différences y a-t-il entre DJ Antoine et Antoine Konrad?

A.K.: DJ Antoine, c’est davantage le clown derrière sa table de DJ, qui saute en l’air, fait taper les gens dans leurs mains, qui fait la fête, un peu fou, un peu révolutionnaire. Antoine Konrad, c’est plutôt le businessman dans son bureau, tranquille, musique douce, straight.

J’ai toujours aimé divertir les gens. J’ai commencé tout jeune, avec ma sœur. Mais je n’aimerais pas être tous les jours DJ. Comme je n’aimerais pas être tous les jours au bureau…

Bâle. Antoine Konrad est né en 1975 à Bâle.

House Café. Après être passé par le hip-hop, il commence officiellement sa carrière de DJ en 1995 en ouvrant à Bâle un club baptisé «House Café», qui deviendra un haut lieu du genre.

 

Disques. DJ Antoine sort son premier album en 1998,  DJ Antoine – The Pumpin’ House Mix.

 

Reconnaissance. L’obtention du Ericsson Dance Music Award en 2001 va participer à sa notoriété. En 2006, l’album DJ Antoine – Live in Moscow  et le single This Time le propulsent au sommet. Aujourd’hui, il a produit une cinquantaine de disques et récolté 26 disques d’or et un de platine («2010»).

 

Sociétés. Il a créé plusieurs labels discographiques et deux agences, Global Productions GmbH et Global Bookings. Il emploie une dizaine de collaborateurs.

 

Clubs. Depuis, il est invité comme DJ dans les clubs de la planète entière: New York, Chicago, Miami, Montréal, Moscou, Dubaï, Bangkok, Oslo, Vienne ou Le Caire l’ont ainsi accueilli.

 

Remix. Avec son associé Fabio Antoniali, alias Mad Mark, DJ Antoine a remixé de nombreux tubes  internationaux pour des artistes tels que Cyndi Lauper, OneRepublic, Pitbull, Roberto Blanco, Puff Daddy etc.

Tout frais. L’album, paru à fin-mai 2011, est produit par Houseworks et distribué en Suisse par Phonag Records.

Invités. Il comporte 20 titres, sur lesquels figurent de nombreux invités: Tom Dice, Scotty G, MC Yankoo, James Gruntz, Timati & P.Diddy, Dirty Money, Michael von der Heide, Juiceppe, DJ Smash, Manu-L, Tyla Durden…

N° 1. La semaine du 6 juin, «2011» s’est placé à la première place des meilleures ventes d’albums en Suisse.

Single. Le single Welcome To St Tropez a suscité plus de 10 millions de clics sur YouTube et s’est placé des singles-charts suisses.

International. Dans les classements internationaux, Welcome To St Tropez est aussi en voie de s’imposer en tête des charts en France, en Allemagne, en Autriche, en Belgique, en Hollande et en Pologne.

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