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Les ETs atterrissent à Paléo

Joey Santiago, la rythmique d'acier des Pixies. Paléo/Lionel Flusin

Surréalistes, ironiques, efficaces. Touche US chez les Pixies, touche frenchy chez Katerine: deux moments forts de la première soirée du 31e Paléo.

Un rock brutal et énergique, mais aussi beaucoup de finesse dans la composition, et pas mal de trouvailles. De quoi offrir à cette édition de canicule deux de ses premiers grands frissons.

A la fin des années 80, les Pixies réinventent le rock, comme pas mal de monde avant et après eux. «Rock n’roll never dies», c’est bien connu. Mais il n’en n’a pas moins besoin, tous les dix ans à peu près, d’une bonne dose de sang frais.

Le gang de Boston a du talent, des idées et de l’énergie. Les couplets très calmes (les rockeux font les meilleures balades, c’est bien connu) entrelardés de refrains enragés, c’est eux. Et Nirvana, comme pas mal de formations de la vague grunge, leur doit beaucoup.

Et puis, d’un coup d’un seul, ce groupe météore se sépare, en 1991. Treize ans de silence radio, et le retour. Tellement attendu par tous ceux qui ont dansé leurs premiers pogos avec les Pixies. Et qui ce soir ne se privent pas de remettre ça.

Le concert est un vrai «best of». Partout dans la foule, des noyaux de fans scandent les paroles avec le groupe, les regards allumés et les corps enflammés par tout ce que ces chansons leur rappellent.

Bien sûr, Frank, Joey, David et Kim (la fille à la basse et à la voix) ont désormais la quarantaine bien sonnée et ne se fatiguent pas trop côté look, mais qu’importe ? La musique d’abord.

Et quelle musique ! Dans un genre hyper codifié, seul les grands arrivent encore à surprendre, à inventer de nouveaux sons et une nouvelle manière de les ordonner. C’est ce qui fait d’eux des grands.

Déclinée en morceaux rarement plus longs que 3 minutes, la musique des Pixies est bien plus complexe qu’il n’y paraît de prime abord. Sur les stridences des guitares planent des harmonies vocales parfois cristallines et les ruptures de tempo sont fréquentes.

Pas étonnant que la ferveur qui entoure ce groupe n’ait jamais tari en 13 ans d’absence. Des Pixies, le Paléo en redemandera.

«Je vous emmerde»

Philippe Katerine (Blanchard pour l’état civil), ce n’est pas la nouvelle chanson française. Depuis 1991 cet artiste qui compose également pour le ballet et tâte régulièrement du cinéma, en est à son huitième album.

Ses textes ne ressemblent à rien de connu. Si l’amour y est surtout du sexe, il a aussi des envolées non-sensiques, ironiques, angoissées, voire totalement surréalistes, mais néanmoins très construites, comme lorsqu’il énonce des séries de chiffres en associant une image à chacun.

Côté musique, c’est plutôt pop, «easy listening», mais avec des rythmes très rock, mâtinés de bossa. Le tout totalement dansant, et servi par un band impeccable.

Katerine n’en a pas moins eu de la peine à s’accepter en tant qu’interprète. Au début, il laissait d’autres chanter ses textes.

Totalement en-dehors des circuits de promo, ce franc-tireur n’a eu qu’un seul tube sur les radios, très opportunément nommé «Je vous emmerde». Et cette année, il pourrait se voir honoré d’une Victoire de la musique.

Sur scène, il se présente dans un look plus qu’improbable, affublé d’une barette dans les cheveux et d’une cravate arrivant à mi-poitrine, d’un ridicule que l’on devine savamment étudié.

Autour de lui, les musiciens vont du fauve urbain au mannequin de cire façon Kraftwerk, en passant par le hippie conservé dans l’acide depuis le «summer of love». Tout cela est à la fois coloré, déroutant et assez drôle, à l’image de la musique.

A l’image également de l’énergie et de la bonne humeur que cette prestation communique au public. Pas si «emmerdant» que cela, finalement…

swissinfo, Marc-André Miserez à Nyon

Le Paléo Festival se tient à Nyon, sur le terrain de l’Asse (près de la sortie de l’autoroute), du 18 au 23 juillet

Tous les billets ont été vendus dans les quelques jours qui ont suivi l’ouverture de la location, à fin avril.

Cette année, Paléo double la mise: ce ne sont plus 500 mais 1000 billets par soir qui sont mis en vente le jour même dès 9 heures sur paleo.ch (billets imprimables à domicile) ainsi qu’aux points de vente Ticketcorner.

Inutile de dire qu’ils filent très vite et que la concurrence est rude.

Aucun billet n’est vendu sur place… si ce n’est au marché noir, comme partout.

Depeche Mode, The Dandy Warhols, Goldfrapp, High Tone Dub Incorporation, Ziggy Marley, Motion Trio, Kocani Orkestar, Gogol Bordello, Marvin, Anaïs, Zenzile, The Spinto Band.

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