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Nicolas Bouvier, le globe à portée de main

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Six ans après la disparition de l'écrivain-voyageur, les éditions Gallimard publient en un seul volume les nombreux récits du Genevois.

Paru sous le titre «Œuvres», le livre rassemble les écrits majeurs de Bouvier et un texte inédit: «La Descente de l’Inde».

Qu’aurait pensé aujourd’hui Nicolas Bouvier de ce milliardaire américain qui, il y a quelques semaines, se payait un voyage éclair aux confins de l’espace à bord d’une fusée privée?

Et qu’aurait-il pensé de ces millions de touristes pressés par la vie, qui délèguent leur curiosité à un voyagiste pour qu’il leur achète leur plaisir par «package»?

Lui, l’écrivain-voyageur qui sut mieux que quiconque prendre son temps, s’imprégner des senteurs de l’Asie, goûter chaque instant comme une jouissance charnelle et pénétrer la chair intime de chaque lieu visité.

Lui, «l’écrivain de l’âme», l’ennemi juré de la vulgaire vitesse, aurait sans doute recommandé à ces messieurs speedés de lever le pied. Et d’introduire dans leur vie un peu de lenteur.

Source de sérénité

Cette lenteur source de sérénité, Gallimard la saisit en une image. Elle illustre les récits de Nicolas Bouvier regroupés sous le titre «Œuvres», dans la collection Quarto du célèbre éditeur parisien.

En couverture de ces «Œuvres», donc, une aquarelle qui représente une petite Fiat Topolino, de couleur marron. La voiture semble avancer vers un temps immémorial, dans un univers nimbé d’une lumière solaire éclatante.

L’aquarelle est d’Eliane Bouvier, femme de l’écrivain. L’épouse fixe ici le mouvement à l’arrêt de la Fiat qui fut le véritable alter ego de Nicolas Bouvier. Cette voiture lui avait été offerte par ses parents afin qu’il en fasse usage à Genève.

Mais de fait, elle lui servit de viatique pour son «Usage du monde». C’est avec elle qu’il accomplit, dans les années 50, son fameux périple, la poussant jusqu’au confins du Pakistan oriental.

Un pavé léger

Plus tard, il racontera son voyage dans «L’Usage du monde» précisément, une oeuvre-clé que Gallimard réédite.

C’est la première fois que les nombreux écrits du Genevois, longtemps dispersés, sont regroupés en un seul volume de 1400 pages. Un pavé léger comme la fantaisie de Bouvier, qui connaît un succès fou, à en croire les libraires.

Ces «Œuvres» sont-elles complètes? Pas tout à fait. Il reste sans doute des fonds de tiroir qu’un éditeur curieux découvrira un jour ou l’autre.

Mais pour l’instant, Gallimard fait paraître, outre les ouvrages majeurs (comme «Le Poisson-Scorpion», «Chroniques japonaises», «Journal d’Aran et d’autres lieux»…), un texte inédit de l’auteur, «La Descente de l’Inde», soit une série d’entretiens accordés à la Radio Suisse Romande et décryptés ici.

L’ensemble du volume est illustré par 252 photos dont, notamment, celles qu’a réalisées Thierry Vernet, ami et compagnon de route de Nicolas Bouvier.

swissinfo, Ghania Adamo

«Œuvres» de Nicolas Bouvier. Gallimard, collection Quarto

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