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Nicolas Verdan, l’interview

Nicolas Verdan (Photo: Yves Leresche) swissinfo.ch

A l’occasion de la publication du 'Rendez-vous de Thessalonique’, Rolf Kesselring a posé quelques questions à Nicolas Verdan.

Un jeune auteur pour lequel le mot ‘liberté’, de vivre comme de penser, n’est pas vide de sens.

swissinfo: Qui êtes-vous? Themis, Lorenzo, ou un autre personnage de votre roman?

Nicolas Verdan: Madame Bovary, c’est moi! Ni tout à fait l’un, ni tout à fait l’autre. Lorenzo n’aurait jamais écrit un livre. Et Themis a un profil trop semblable au mien pour me ressembler.

swissinfo: Etes-vous marié? Avez vous des enfants?

N.V. : Je suis un père heureux. Mon fils est né il y a dix ans. Il aime la Grèce et cela me touche beaucoup.

swissinfo: Vous écrivez sur ces humains en errance qui ont perdu territoire, patrimoine, et culture; avez-vous le sentiment d’être animé par le même désespoir?

N.V.: Non. Ce serait indécent. Leur souffrance n’a aucune commune mesure avec celle que je peux ressentir dans un pays aussi aseptisé que la Suisse. Ils ont enduré la guerre, la faim. Leurs bagages sont remplis d’humiliations et de vexations. Mais le déchirement que je peux ressentir avec ma double origine me rapproche d’eux.

swissinfo: Qu’attendez-vous du journalisme en ces temps où tout peut-être manipulé ou déformé?

N.V.: J’ai toujours aimé raconter des histoires. J’aime changer d’univers, pousser des portes fermées aux non-membres. Ce métier m’a permis de participer à des Noëls d’infirmières, de couvrir des lotos dans le Gros-de-Vaud, de pénétrer dans des chancelleries d’Etat, de traverser la vallée de la Fergana en Ouzbékistan, d’assister à la première d’un film israélien à Tel Aviv, de boire le thé dans le désert avec des agents secrets jordaniens et de discuter avec le patron d’une banque cantonale. Entres autres situations qui me donnent la sensation de vivre.

Pour le reste, joker! Je m’efforce, au jour le jour, de rester fidèle à la déontologie et de ne pas céder au chant des sirènes du tout économique. Dur…

swissinfo: Etes-vous sensible à certaines critiques de ceux qui vous taxent de mauvaise foi, voire de stupidité, à propos de votre description des altermondialistes qui allaient manifester contre la réunion annuelle de Davos.

N.V. : Oui, je tiens toujours compte de l’avis des lecteurs. Mais les reproches qui m’ont été fait sur ce coup-là sont infondés. J’avais assisté au saccage d’un train par de soi-disant militants altermondialistes. Mon reportage n’a pas plu aux milieux alternatifs. Je m’étais contenté de dire ce que j’avais vu. J’ai horreur de l’incivilité. Et là, j’étais d’autant plus déçu et dégoûté que je partage une bonne partie des critiques portées contre le Forum mondial de Davos.

swissinfo: Le roman est-il un refuge pour l’homme que vous êtes, dans ces cas-là?

N.V.: Non, pas dans ces cas-là. L’écriture n’en demeure pas moins un formidable espace de liberté. Rien ni personne pour me donner une direction ou me priver de parole. J’ai bien conscience de vivre dans une société qui me permet l’expression de cette liberté. J’en suis reconnaissant. Et je le dis aussi pour avoir rencontré des artistes, des écrivains qui doivent se battre pour le droit d’expression.

swissinfo: Et après ce «Rendez-vous de Thessalonique»?

N.V. : J’ai plusieurs idées en tête et quelques notes qui se donnent des airs de nouveau livre. Je m’interroge en particulier sur les années qui ont précédé ma naissance. Je pense à ce fameux moi de mai dont il ne reste rien aujourd’hui.

Interview swissinfo, Rolf Kesselring

Le roman «Le rendez-vous de Thessalonique» (110 pages) est publié aux Editions Bernard Campiche.
Diffusion en France dès l’automne 2005

Le roman «Le rendez-vous de Thessalonique» (110 pages) est publié aux Editions Bernard Campiche.
Diffusion en France dès l’automne 2005

– Nicolas Verdan est né à Vevey en 1971.

– Sa vie se partage entre la Suisse et la Grèce, sa seconde patrie. Il vit pour l’instant à Lausanne, où il pratique le journalisme.

– Son chemin l’a conduit à plusieurs reprises au Proche-Orient

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