Pully au goût de sirop d’érable

Jusqu'à samedi, Pully vit à l'heure du Québec. C'est la 3e édition du festival que la petite ville vaudoise consacre à la «Belle province».

Ils sont venus, ils sont tous là… Lynda Lemay (mardi), le Groupe Suroît (mercredi), Robert Charlebois (jeudi), Isabelle Boulay (vendredi), et le patriarche Claude Léveillée (samedi). Sans même évoquer les moins connus…

«Pully à l’heure du Québec»… A l’origine de cette manifestation biennale, le goût immodéré que porte René Perriard, Rico pour les intimes, à la chanson en général, et à celles que concoctent son ami Claude Léveillée en particulier. «En Europe, nous avions Jacques Brel, Léo Ferré, Georges Brassens. Au Québec, ils avaient Félix Leclerc, Gilles Vigneault et Claude Léveillée. Léveillée, c’est un homme formidable, un peu écorché, parce que quand on a quelque chose à dire, on rumine… C’est un solitaire, mais qui a beaucoup d’amitié et de sensibilité.»

Une «Fête à Claude Léveillée» avait été organisée à l’Octogone de Pully en 1988. Et puis l’idée d’un véritable festival québécois a germé. Avec la bénédiction de la municipalité, une première et modeste édition a eu lieu en 96 (avec déjà une certaine Lynda Lemay à l’affiche!), suivi d’une deuxième en 1998.

L’édition 2000 est particulièrement bien achalandée, on l’a constaté. Mais l’esprit n’a pas bougé: «On veut que ce festival reste à grandeur humaine, tout près des gens, que cela soit quelque chose d’intime», précise Rico, devenu président de la manifestation. Et pas seulement à l’Octogone: la manifestation est complétée par un «village québécois» agrémenté d’un podium, et la participation de plusieurs autres scènes de la région comme le Café-théâtre de la Voirie et, à Lutry, la Salle du Grand Pont et le Caveau du Singe Vert.

Y a-t-il une composante politique dans le fait d’organiser un festival québécois? «Pas du tout », répond le président. «Bien sûr, nous aimons la langue française, nous voulons la garder, et de ce point de vue-là, il y a peut-être quelque chose de similaire entre la Suisse romande et le Québec: on défend notre patrimoine. Mais il n’y a pas d’action politique pour autant.»

C’est un peu normal, puisque… «Je me fous du monde entier, Quand Frédéric me rappelle Les amours de nos quinze ans, Nos chagrins, not’ chez-soi, Sans oublier les copains des perrons, Aujourd’hui dispersés aux quatre vents…», comme le chantera sans doute Claude Léveillée.

Bernard Léchot