 
Rentrée des classes pour Derib et Henri Dès
 
Les deux champions romands de la culture pour très jeune public effectuent une rentrée en parallèle.
Alors que le chanteur publie ses «Polissongs» et attaque une nouvelle tournée, le dessinateur propose le 31ème tome des aventures de Yakari.
Derib aime les chevaux. Et son complice, Job, le scénariste de toujours, est un peu au courant! La nouvelle aventure de Yakari, construite autour d’un cheval de la race appaloosa, ne pouvait que faire plaisir au dessinateur, comme il nous le confiait en octobre dernier, alors qu’il était en train d’encrer ses planches…
Avec Job, «on cherche ensemble des pistes sur ce qu’on pourrait développer à partir d’un thème. Par exemple, le prochain, ce sera ‘Yakari chez les Appaloosas’, il sait que j’adore les chevaux, que j’ai eu une petite jument appaloosa, donc là, il y a peu de chances qu’on ne soit pas d’accord!»
Un an plus tard, l’album est là, et, sur la couverture, un cheval sombre et tacheté se cabre face au petit Sioux impressionné.
Après le blanc, le noir
Arc-Tendu le chasseur, est décidément un sacré méchant. Après avoir été un cruel collectionneur de fourrures blanches, le voilà qui se prend de passion pour la robe sombre et tachetée d’un étalon sauvage, qu’il a baptisé «Pluie d’étoiles».
Ce magnifique appaloosa était destiné par une autre tribu indienne à devenir un cheval calibré pour la guerre et la chasse. Mais, épris de liberté, il les a fuis avec sa harde.
Arc-Tendu veut, lui, absolument capturer ce bel étalon dans le seul but d’aller «se pavaner sur son dos de tribu en tribu»! On l’imagine aisément, Yakari, accompagné de l’ours Boule-de-Neige, va s’opposer aux mauvaises intentions du guerrier pour empêcher cette capture.
«Plus je te regarde, plus j’ai l’impression de voir la Voie Lactée en plein jour», dit Yakari, plein d’admiration, à l’étalon… Le poney Petit Tonnerre connaîtra même se sentiment très humain qu’on appelle la jalousie.
Back to the seventies
Si Derib poursuit donc les aventures de Yakari avec une continuité certaine, Henri Dès se permet cette année, dans l’album «Polissongs», une échappée étonnante.
Pourtant, avec des titres comme «Fais des nattes» ou «Cacahuètes grillées», les enfants n’y verront que du feu – c’est bien la patte et l’écriture de leur chanson favorite. Mais ce sont leurs parents qui seront surpris d’entendre l’ex-moustachu chanter, respectivement, «Reggae Night» de Jimmy Cliff ou «YMCA» des inénarrables Village People.
A l’origine de cette chose un peu étrange, un arrangeur français, Jean-Marie Leau, qui va souffler l’idée à Henri Dès. Et celui-ci de s’atteler au travail… Un travail à l’issue imprévisible, puisqu’au moment où il écrit les adaptations françaises, il ignore encore si ses versions seront acceptées par les créateurs et les éditeurs des œuvres choisies.
Niet niet niet et da da da
Henri Dès va d’ailleurs devoir essuyer plusieurs échecs: «Le projet a été bien accueilli, mais beaucoup d’éditeurs ont refusé», dit-il.
Ainsi, «les Beatles, Abba, Cat Stevens, c’est non! Niet! Ils ne veulent rien savoir. Par contre, il y a eu des éditeurs qui demandaient ‘qu’est-ce que ça raconte ?’ Il a alors fallu faire des traductions des adaptations, les envoyer, expliquer le concept, à savoir que tout cela est construit sur le son des mots, et a donc poussé à des paroles qui n’ont rien à voir avec l’original», explique-t-il.
En effet. «De Do Do Do, De Da Da Da» de Police devient «Doux doudou», et «Born To Be Alive» de Patrick Hernandez, un plus suprenant «Il faut que tu te laves». «Ce n’est pas détourné méchamment, dit Henri Dès… c’est détourné dans le sens de l’écoute du jeune public.»
Oui. Encore qu’on puisse éventuellement se dire qu’une chanson, c’est un tout, paroles et musique, et que d’en métamorphoser ainsi l’une des principales composantes tient davantage de la voltige et du jeu de mots que d’un véritable propos artistique.
Quoi qu’il en soit, le principe avait été abondamment utilisé dans les années 60 avec les innombrables adaptations effectuées du temps des «yéyés». Mais on ne pensait pas que l’utilisation du creuset «seventies», dans la foulée du «J’aime tes genoux» d’Henri Salvador en guise de parodie au «Shame on you» de Shirley & Co, se ferait grâce à Henri Dès…
Henri Dès, à retrouver sur les scènes romandes cet automne, puis à l’Olympia en décembre, et enfin à l’occasion d’une importante tournée dans les provinces françaises.
swissinfo, Bernard Léchot
DERIB
De son vrai nom Claude de Ribaupierre, Derib est né en 1944 à La Tour-de-Peilz.
Ses principales séries sont «Yakari» (créé en 1969), «Buddy Longway», «Celui qui est né deux fois», «Red Road». L’univers indien en est le centre.
«Yakari et et les appaloosas» est le 31ème tome des aventures de Yakari.
HENRI DES
Henri Dès est né en 1940 à Renens. Après plusieurs albums de chansons pour adultes, il s’oriente vers les enfants dès 1977.
Son nouvel album, «Polissongs» consiste en des adaptations françaises de tubes anglo-saxons des années 70.
Il est en tournée suisse jusqu’au 13 novembre, puis à l’Olympia, à Paris, du 14 au 24 décembre. Suivra une tournée française qui le mènera dans moult Zénith jusqu’à début avril.
 
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