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Une rousse au ‘Village Suisse’

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«Carte postale» de la Cinquième Suisse... La comédienne Christine Anglio nous écrit de Paris, où elle est partie à la découverte du «Village Suisse». Exploration culturelle, ethnographique et souriante!

Qu’est-ce qu’il y a de suisse à Paris, à part moi? Voilà la question que je me suis posée. J’ai «googlé» la Suisse à Paris et juste après le centre culturel Suisse, se trouve le «Village Suisse». Là, je me suis dit qu’aller jeter un œil à ce village serait probablement fort instructif. Je me suis armée de mon petit carnet Moleskine, tel Picasso ou Hemingway, et je suis partie à la découverte de ce «village» et de ses habitants.

Le Village Suisse se trouve dans le quinzième arrondissement de Paris. Quartier qui, s’il devait être classé dans une catégorie, ne serait pas classé dans celle des quartiers populaires. Je dis ça, je ne dis rien.

Sortie du métro à la station La motte-Piquet-Grenelle, je me retrouve quasiment en face du fameux village, qui, je ne vais pas vous mentir, ne ressemble plus du tout à un village Suisse. Ni même à un village tout court!

J’en sais quelque chose puisque j’ai grandi dans un petit village. En Suisse, justement. Couvet, au Val-de-Travers, dans le canton de Neuchâtel. Village qui je tiens à le dire ici, a été élu en 2009 par le magasine suisse allemand Die Weltwoche le pire endroit pour vivre en Suisse!

Eh oui, c’est là que j’ai grandi et il est inutile de préciser que je ne suis pas entièrement d’accord avec ce choix, même si c’est vrai, je suis partie depuis un certain nombres d’années. Désolée, je m’égare, je m’égare, mais j’avais très envie de vous faire partager cette «élection», parce que ce n’est pas souvent qu’on est élu le meilleur ou le pire quelque chose. Fin de la digression.

Village, quel village?

Je disais donc que ce «Village Suisse» ne ressemble pas à un village. Pourtant, fut un temps, il était un vrai village. Enfin… une vrai reconstitution de village.

C’est en 1900, pour l’Exposition universelle, qu’a été construit ce village. Ce projet a été conçu et exécuté par deux architectes et artistes: Charles Henneberg et Jules Allemand. Ca ne s’invente pas, c’est monsieur Allemand qui a en partie conçu le Village Suisse à Paris!

Une fois construit, on a ajouté quelques habitants typiquement helvétiques pour l’époque. Des paysans et des paysannes, des pâtres, des ouvriers, des artisans, des sculpteurs sur bois, des vanniers, des tisseurs et des brodeuses. Pour que les visiteurs de l’Exposition universelle puissent savoir et comprendre ce qu’était la Suisse…
Aujourd’hui, il n’en reste rien. Rien, excepté son nom. «Le Village Suisse» est devenu une galerie commerciale installée au pied d’une barre d’immeuble.

Je passe donc l’entrée, et je me retrouve au milieu d’une centaine de petites boutiques d’antiquaires. Il y a des objets sublimes, des tapis, des œuvres d’art, du mobilier. Ce qu’il reste de suisse, ce sont le nom des petites ruelles et des petites places. Place de Lausanne, Place de Lucerne, de Berne et de Genève. Que des noms de villages, en somme.

Trois questions

Ce que j’aimerais savoir, c’est si les habitants de ce village sont suisses, s’ils se sont déjà rendus en Suisse, et à quoi leur fait penser la Suisse en trois mots. J’entre donc dans ces petites échoppes et pose mes trois questions. Et les réponses qui vont m’être faites sont… comme qui dirait, pleines de surprises!

Aucune des personnes que j’ai interrogées n’est suisse. Et pour certains, ils en ont presque l’air désolés. Plusieurs m’ont dit qu’un des antiquaires était franco-suisse, mais ils n’étaient pas capable de me dire lequel, et je ne l’ai jamais trouvé… Peut-être la légende du village. Il y a toujours une légende dans un village, non?

Si je leur dis «Suisse», ils me répondent le plus souvent chocolat, neige, sympa, horlogerie, et banque. Mais heureusement, la vie est pleine de surprises et quelqu’un m’a dit «alpage» aussi, et une jeune femme m’a parlé de bijoux de luxe, un vieil homme qui restaurait un tapis tout au fond d’une des boutiques et à qui je n’avais pas directement posé la question m’a parlé du festival de Montreux…

Restons vigilants

Et le mieux du mieux, un quadragénaire très élégant, mais un peu piqué au vif, m’a expliqué que si je posais des questions moins idiotes, j’aurais des réponses plus intelligentes, après quoi il m’a parlé des tables suisses du dix-septième siècle, fabriquées avec du chêne et de l’ardoise, et qui étaient, aujourd’hui, très recherchées.

Ce à quoi j’ai répondu que j’était ravie d’apprendre quelque chose que j’ignorais sur mon propre pays, à Paris, dans le Village Suisse, et que effectivement je devrais peut-être poser des questions plus intelligentes. Il était tout content et très flatté, puis il a conclu en me disant qu’il ne savait pas qu’il y avait des rousses en Suisse!

J’ai bêtement répondu que j’avais un très bon coloriste. Toute cette connaissance sur les tables suisses gâchée en une phrase. Y’a pas de rousse en Suisse! Qu’est-ce qu’on peut ajouter à ça ?? Comme quoi, on peut dire des choses très intéressantes et des grosses, mais alors très grosses bêtises, à seulement deux minutes d’intervalle. Restons vigilants.

Beaucoup d’entre eux sont déjà venus dans notre beau pays. Ils connaissent Genève, Gstaad, Genève, Genève et Gstaad et un peu Genève. Je n’y peux rien, je ne fais que retranscrire.

Ce qui est sûr, c’est que tous les antiquaires que j’ai questionnés – à l’exception d’un monsieur qui était trop occupé pour répondre, parce que lui, c’est pas pareil: «il bosse!» – ont été charmants et se sont prêtés de bonne grâce à l’exercice.

Je suis repartie comme j’étais venue, en métro.

J’ai appris deux choses durant mon séjour au Village Suisse: les clichés ont définitivement la vie dure, et, j’aime vraiment bien être suisse.

Bien à vous, from Paris.

Christine Anglio, pour swissinfo.ch

Couvet. Christine Anglio est née à Lausanne. Lorsqu’elle a six ans, sa famille s’installe à Couvet, dans le Val-de-Travers (canton de Neuchâtel).

Cours Florent. Scolarité, bac de lettres, petits jobs, dans le seul but de mettre suffisamment d’argent de côté pour monter à Paris… où elle part en 1994. Rêvant de devenir comédienne, elle suit le Cours Florent. Les petits jobs continuent (notamment serveuse dans le TGV).

Pénélope. Aux Cours Florent, Christine se lie d’amitié avec deux autres étudiantes: Corinne Puget et Juliette Arnaud. Ensemble, elles vont développer une histoire qu’elles vont présenter dès 1998 dans les cafés-théâtres parisiens: «Arrête de pleurer Pénélope».

Succès. Bouche à oreille aidant, la pièce triomphe dès 2002 au fameux «Café de la Gare». 752 représentations jusqu’en 2005!

Suite. En mars 2007, «Arrête de pleurer Pénélope 2», mis en scène par Michèle Bernier, débarque au Théâtre Fontaine, à Paris. Nouveau succès.

Cinéma. En 2008, Christine Anglio, Juliette Arnaud et Corinne Puget partagent la tête d’affiche de «Tu peux garder un secret?» d’Alexandre Arcady. Et une version cinématographique de «Arrête de pleurer Pénélope» est en cours de préparation.

Moi! En 2009, on a pu voir Christine Anglio dans la pièce «Moi! Moi! Moi!» au Théâtre Le Temple.

Le Village Suisse, 78, avenue de Suffren et 54, avenue de la Motte-Picquet, 75015 Paris

Métro: La Motte-Piquet Grenelle.

Ouvert du jeudi au lundi inclus de 11h00 à 19h00.

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