La voix de la Suisse dans le monde depuis 1935
Les meilleures histoires
Démocratie suisse
Les meilleures histoires
Restez en contact avec la Suisse

Des bénévoles pour améliorer la biodiversité dans les pâturages

Keystone-SDA

Dix bénévoles se sont activés pendant six jours en août au Chalet-Vieux de Culan au-dessus des Diablerets. Ce camp de Pro Natura Vaud avait pour objectif de nettoyer les prairies des aulnes et épicéas qui ont tendance à envahir les zones de pâturages. Un moyen également pour les participants de se ressourcer loin de la civilisation.

(Keystone-ATS) Situé à deux bonnes heures de marche de la station des Alpes vaudoises, à 1700 mètres d’altitude, le terrain de Chalet-Vieux de Culan appartient à Pro Natura depuis 1974. L’association de protection de la nature loue depuis une dizaine d’années cette zone protégée à un paysan qui continue de l’exploiter en été, raconte Markus Arn, chef de projet chez Pro Natura Suisse et coordinateur du camp.

Pendant la semaine, les participants – cinq Alémaniques, trois Allemands et deux Romandes entre 20 et 70 ans – sont hébergés dans un dortoir de l’ancienne fromagerie d’alpage qui ne sert plus depuis 20 ans. Chacun participe aux frais à hauteur de quelque 200 francs par personne.

«Il faut s’inscrire tôt pour participer à ces camps qui connaissent un certain succès, notamment Outre-Röstigraben. La demande dépasse largement l’offre», souligne M. Arn.

Au Chalet-Vieux de Culan, l’aménagement est spartiate: un dortoir commun sous les toits, pas d’électricité, toilettes et douche «avec eau chaude» à l’extérieur. En revanche, l’équipe a la chance d’avoir une cuisinière bénévole. «Pas besoin de faire à manger après le travail», se réjouit Urs, volontaire zurichois à la retraite.

Travail de Sisyphe

Juste au-dessus du Chalet-Vieux de Culan, à côté du troupeau d’une trentaine de vaches allaitantes, de leurs petits et d’un taureau, les volontaires, bandanas ou casquettes sur la tête, sont occupés à couper les buissons d’aulnes et les sapins qui garnissent le pâturage bien pentu. «Un travail de Sisyphe», commente M. Arn.

L’aulne est un arbuste aux feuilles ovales vert foncé, qui mesure 3 à 4 mètres de haut. Il se développe à partir de 1100 mètres d’altitude et jusqu’à la limite alpine des forêts, se plaisant dans les couloirs d’avalanche et les lits des torrents, explique le responsable. Problème: il se propage à grande vitesse. Son avancée entraîne une raréfaction des plantes, insectes et oiseaux, sans compter une acidification des sols.

A la main

Dans la réserve naturelle, il s’agit de couper ces buissons à ras, parfois dans des pierriers, «une tâche pas toujours facile. Plus on le coupe jeune, mieux c’est, car avec le temps, il devient de plus en plus difficile à éliminer», note le coordinateur.

«Des chèvres sont parfois mises à contribution», ajoute-t-il. «Lorsqu’elles sont affamées, elles dévorent en effet les pousses et les écorces d’aulnes, entraînant ainsi la mort de l’arbuste. Mais il faudrait un enclos électrifié pour les cloîtrer. Ici, tout se fait donc à la main».

Peu attrayant pour le bétail

S’élançant sur les pentes abruptes ou se dispersant au bord d’un torrent, les bénévoles coupent les buissons d’aulnes au moyen de grandes et lourdes pinces. Pour débiter les épicéas isolés – qui s’entendent d’ailleurs bien avec les aulnes – ils se servent de petites scies.

«La forêt est en expansion en Suisse et les pâturages ouverts et semi-ouverts sont d’une grande importance pour un tas d’espèces animales et végétales. Les zones trop envahies par les vernes et épicéas deviennent moins attrayantes pour le bétail qui n’y broute plus. Ce travail permet d’éviter qu’ils ne se referment trop», observe Kelly Delavy, responsable des réserves naturelles auprès de Pro Natura Vaud.

Soulagement pour le paysan

L’action pour contenir l’embroussaillement sur ce pâturage est organisée depuis plus de dix ans. «Les bénévoles nous soulagent énormément de tous ces petits travaux que l’on n’a pas le temps de faire en été et qui nous incombent en automne après la désalpe», souligne Pascal Güttinger, l’agriculteur qui loue le terrain à Pro Natura Vaud et dont l’alpage principal se trouve à l’Etivaz.

«Dix fois sept à huit heures sur quatre jours (mercredi étant jour de repos), ce n’est pas rien dans une période de l’année où nous sommes très occupés», glisse-t-il.

Se vider la tête

Cindy, une jeune étudiante en géologie valaisanne, participe pour la première fois à un tel camp. Elle éprouve «une certaine satisfaction à réaliser une tâche monotone et à l’extérieur. C’est physique et cela aide à se rendre compte du quotidien d’un agriculteur», dit-elle.

Et de souligner la bonne ambiance qui règne entre les membres du groupe qui ne se connaissaient pas avant l’expérience. «Même pas besoin d’allumer son portable», sourit-elle.

«A chaque fois, le vécu s’enrichit», témoigne Marie-Andrée, la bénévole alsacienne qui prépare les repas végétariens pour toute l’équipe et qui avoue conserver quelques lardons dans la réserve. Habituée de ces camps, elle se dit emballée par «ce mode de vie spartiate, loin de la civilisation».

Les plus appréciés

Les plus discutés

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision

SWI swissinfo.ch - succursale de la Société suisse de radiodiffusion et télévision