
Discussions «franches» entre Poutine et Abe sur les îles Kouriles

(Keystone-ATS) Le Premier ministre japonais Shinzo Abe a fait état de «discussions franches» avec le président russe Vladimir Poutine sur le dossier des îles Kouriles. Les deux pays se disputent cet archipel, plus de 70 ans après la fin de la deuxième Guerre mondiale.
Les entretiens ont porté principalement sur «la question d’un traité de paix», a déclaré M. Abe à l’issue de cette rencontre à Nagato (ouest). L’absence de traité a été qualifiée d'»anachronisme» à plusieurs reprises par M. Poutine.
Ce sommet, une première en onze ans au Japon, s’est déroulé «dans une très bonne atmosphère», a souligné le chef du gouvernement japonais. Les échanges, qualifiés de «très directs», ont duré trois heures au total, dont 95 minutes en tête à tête, a-t-il ajouté.
Les deux dirigeants ont demandé à des experts d’entamer des consultations «sur les conditions et les domaines d’exploitation commune» des quatre îles disputées du sud des Kouriles, selon le conseiller du Kremlin, Iouri Ouchakov. Cette exploitation commune pourrait être effectuée dans les secteurs de la pêche, du tourisme, de la culture et de la médecine, a-t-il dit, sans plus de précisions.
Contacts à rétablir
«Grâce à vos efforts, il y a eu un certain progrès dans les relations russo-japonaises», a souligné pour sa part au début de l’entrevue M. Poutine. Le locataire du Kremlin a dit espérer que cette visite y apporte également «une contribution importante».
Le président russe a proposé de «rétablir les contacts» dans le domaine militaire au niveau des ministres de la Défense et des chefs d’état-major respectifs, selon son ministre des affaires étrangères Sergueï Lavrov. Selon lui, Shinzo Abe a réagi «de manière positive» à cette proposition. Un dîner de travail était aussi prévu en soirée.
En septembre, Shinzo Abe avait appelé Vladimir Poutine à ouvrir une «nouvelle ère» dans les relations bilatérales, empoisonnées par une querelle sur quatre îles des Kouriles occupées en 1945 par l’Union soviétique.
Histoire de famille
Appelées les «Kouriles du Sud» par les Russes et les «Territoires du Nord» par les Japonais, ces îles volcaniques font officiellement partie de la région russe de Sakhaline, mais sont revendiquées par le Japon. Ce différend territorial a empêché jusqu’à présent Moscou et Tokyo de signer un traité de paix. Malgré des mois de préparation, la perspective d’un accord paraît maigre.
Pour le Premier ministre japonais, c’est aussi une histoire de famille. Son père, Shintaro, avait entamé des négociations sur le sujet avec Moscou en tant que ministre des Affaires étrangères, mais il était mort en 1991 sans pouvoir les mener à bien.
Après les discussions de Nagato jeudi, axées sur les questions territoriales, la journée de vendredi se déroulera à Tokyo avec un important volet économique.
Ces terres ne sont «pas à vendre»
M. Abe espérait arracher des concessions à Moscou en lui faisant miroiter la perspective d’investissements japonais majeurs. Une trentaine d’accords entre sociétés russes et japonaises devraient ainsi être signés dans les domaines énergétique, industriel, agricole et des hautes technologies.
Mais le président russe semble peu disposé à accéder aux demandes japonaises de céder en échange une partie du contrôle des quatre îles. M. Poutine a déjà rejeté à plusieurs reprises l’idée de troquer l’une des Kouriles pour une coopération économique renforcée avec Tokyo, martelant : «Nous ne vendons pas nos territoires».