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Droits de douane: la presse se réjouit, mais pointe un coût élevé

Keystone-SDA

La presse suisse pousse un "ouf" de soulagement samedi au lendemain de l'annonce d'un accord entre la Suisse et les Etats-Unis, réduisant les droits de douane américains de 39% à 15%. Mais elle pointe du doigt le prix élevé à payer pour l'obtenir.

(Keystone-ATS) «Merci président Trump», saluent 24 Heures et la Tribune de Genève, reprenant le message du Conseil fédéral posté sur le réseau social X après l’annonce de l’accord. «Notre pays peut enfin se réjouir de n’être ‘plus que’ taxé à 15%, au prix de lourdes concessions économiques, tout comme nos voisins européens», relèvent-ils.

Mais ce merci «sonne comme l’ultime courbette. Elle confirme ce que le monde entier sait déjà et que la Suisse a tardé à comprendre: Donald Trump fixe les règles», ajoutent les journaux, qui pointent «les longs errements diplomatiques de notre Conseil fédéral», qui «aura mis du temps à se mettre à la page et à décrypter la boussole du président américain, sa politique erratique et brutale».

Une victoire à la Pyrrhus

Même son de cloche du côté du Temps, pour qui, «il faut savoir se réjouir. Parce qu’en cette fin 2025, ‘les nouvelles sont mauvaises d’où qu’elles viennent'». L’accord douanier avec les Etats-Unis, poursuit le quotidien lémanique, permet aux entreprises suisses de lutter à armes égales avec les voisins européens et montre que la Suisse a su réagir grâce à la «mobilisation rapide et efficace» de chefs d’entreprises. Mais, ajoute-t-il, il est loin d’être parfait et n’effacera pas «l’humiliation du mois d’août», lorsque Washington a imposé 39% à la Suisse.

Et si «l’affront» d’août «est réparé», il s’agit d'»une victoire à la Pyrrhus», remarque La Liberté. «Depuis le début, la Confédération se fait humilier par le locataire de la Maison-Blanche. Sûr de sa force, celui-ci a mené en bateau le Conseil fédéral, qui n’a néanmoins pas eu d’autres options que de revenir s’asseoir à la table des négociations, subissant tourments et moqueries».

Résultat: la Suisse a dû «courber l’échine devant le juge étranger» Trump, qui l’oblige à investir 200 milliards de dollars aux Etats-Unis d’ici à 2028, «ce qui va forcément impliquer des transferts d’emplois outre-Atlantique», et à accepter «l’importation de denrées agricoles controversées, comme la viande bovine aux hormones ou de poulets chlorés», dont la production est interdite en Suisse, note le journal fribourgeois.

15%+LE FRANC FORT=27%

Refaisant les calculs, ArcInfo arrive, lui, à des droits de douane non pas de 15%, mais de 27%. En effet, explique le journal, si «la ‘Team Switzerland’, comme aime à la nommer le conseiller fédéral Guy Parmelin, lorsqu’il évoque le travail d’équipe fourni par les secteurs public et privé, a remporté une victoire» avec l’accord annoncé vendredi, «un autre obstacle est venu s’ériger devant les exportateurs suisses aux Etats-Unis»: le franc fort.

Avec un cours actuel d’un dollar américain pour 0,80 franc, contre un dollar pour 0,90 en mars, «un produit suisse est devenu, uniquement à cause du taux de change, 12% plus cher aux Etats-Unis. En seulement huit mois», constate le quotidien neuchâtelois.

Outre-Sarine, la presse alémanique salue également la baisse des droits de douane américains obtenue par la Suisse, qui «a permis d’éviter le pire», comme le soulignent les journaux alémaniques du groupe Tamedia. Mais, relèvent-ils, ce n’est qu’une étape, car l’accord doit encore être approuvé par les instances politiques suisses. «Il n’est pas exclu que quelque chose coince. Ou que la situation s’envenime à nouveau».

Cour suprême américaine

De plus, écrivent-ils, une procédure est pendante devant la cour suprême des États-Unis sur la légalité de ces droits de douane. Si les juges devaient donner raison aux opposants aux taxes douanières, «tout serait à refaire, y compris la possibilité que Donald Trump impose de nouveaux droits de douane sur la base d’une autre loi».

La Neue Zürcher Zeitung voit, elle, des droits de douane, certes réduits à 15%, mais bien supérieurs aux 3% en moyenne en vigueur au début de l’année. Elle remarque aussi qu’une grande incertitude persiste quant aux prochaines intentions de Donald Trump. «La politique à Washington est et reste un risque majeur pour la Suisse, avec ou sans Trump».

Du côté des journaux de CH Media, on s’interroge sur les raisons pour lesquelles la présidente de la Confédération Karin Keller-Sutter, qui était encore activement impliquée dans les négociations et la communication cet été, n’était pas présente à la conférence de presse vendredi. «Les États-Unis ne voulaient-ils plus voir Keller-Sutter après son coup de fil désastreux avec Trump?, posent-ils comme question.

C’est Donald Trump, qui est à l’origine de cet échec et non la conseillère fédérale, leur répond la radio-télévision suisse SRF. Pour le média de service public, il semblerait que le courant soit bien passé entre Guy Parmelin et le représentant de la Maison-Blanche au commerce Jamieson Greer. «Parmelin, qui a toujours été quelque peu sous-estimé, voire parfois ridiculisé en Suisse alémanique ces dernières années, est soudainement devenu l’homme fort du Conseil fédéral, celui qui a sauvé l’industrie d’exportation et, par conséquent, des milliers d’emplois».

Mais selon le Blick, ce sont les entreprises privées qui ont réussi là où les conseillers fédéraux ont échoué: obtenir un rendez-vous dans le bureau ovale. «Trump, qui a du mal avec les ministres, a reçu le club d’affaires suisse, l’a écouté, s’est laissé offrir des cadeaux et a fait preuve de bonne volonté».

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