EPFZ: mini-raffinerie solaire pour du carburant neutre en carbone
(Keystone-ATS) Des chercheurs de l’EPFZ ont mis au point une mini-raffinerie solaire produisant des carburants liquides de synthèse neutres en carbone. L’installation présentée comme une première mondiale utilise pour ce faire l’air ambiant.
Installée sur un toit de l’Ecole polytechnique fédérale de Zurich (EPFZ), cette raffinerie fonctionnant à l’énergie solaire a été présentée jeudi à la presse. « Avec cette installation, nous prouvons que la production de carburant durable avec de l’air et du soleil fonctionne en conditions réelles », a déclaré Aldo Steinfeld, qui a développé cette technologie avec son groupe de recherche.
« Le procédé thermochimique utilise tout le spectre solaire et se déroule à haute température – environ 1500 degrés -, ce qui permet des vitesses de réaction élevées et un haut degré d’efficacité », ajoute le Pr Steinfeld, cité dans un communiqué de l’EPFZ. Actuellement, la machinerie produit un décilitre de méthanol par jour.
Pour ce faire, elle puise directement dans l’air ambiant du CO2 et de l’eau qui sont décomposés et transformés en syngas, ou gaz de synthèse, un mélange d’hydrogène et de monoxyde de carbone. Celui-ci est ensuite transformé à son tour en kérosène, méthanol ou d’autres hydrocarbures utilisables par divers modes de transport.
Neutre en carbone
La combustion du carburant produit la même quantité de CO2 qui a été puisée dans l’air pour le fabriquer. L’opération est donc neutre sur le plan climatique.
La mini-raffinerie zurichoise prouve la faisabilité de la chose, même sous le climat des bords de la Limmat. Les chercheurs n’entendent toutefois pas en rester là: ils testent actuellement un réacteur solaire de plus grandes dimensions près de Madrid dans le cadre du projet européen SUN-to-LIQUID.
La raffinerie espagnole, également présentée jeudi, produit du kérosène. Elle se compose d’une tour solaire avec à ses pieds un champ de miroirs. Des applications commerciales sont envisagées dès 2025, selon ses concepteurs.
Transport aérien ciblé
Pour y parvenir, il faudra quadrupler la taille de l’installation, qui pourrait alors produire dix millions de litres de carburant par année. Le transport aérien est tout particulièrement ciblé, l’électricité n’étant pour l’instant pas une alternative en raison du poids des batteries, relève Philipp Furler, ancien doctorant du groupe du Pr Steinfeld et fondateur de la spin-off Synhelion.
Un litre de kérosène d’origine solaire pourrait coûter sur le long terme entre un et deux francs par litre, selon lui. Actuellement, le kérosène fossile coûte 50 centimes par litre.
Selon les chercheurs de l’EPFZ, c’est l’ensemble des besoins du trafic aérien mondial qui pourraient être couverts par une installation de la surface de la Suisse, ou d’un tiers de celle du désert de Mojave en Californie.